Une vingtaine de chercheurs, juristes et chefs d'entreprise du secteur des NTIC, réunis au sein de l'association Renaissance Numérique, décrite comme un club de réflexion, viennent de présenter un livre blanc intitulé « L'Internet pour Tous ». On y lit notamment qu'avec 40 % de foyers connectés contre 70 % en Allemagne, la France est en retard « contrairement à ce que nos bonnes performances en matière de haut débit peuvent laisser croire ». Renaissance Numérique envisage donc 15 mesures pour que 80 % de foyers disposent d'Internet en 2010. Un discours en phase avec la sinistrose ambiante, mais pas forcément raccord avec le discours que des grands patrons de l'industrie informatique en France peuvent développer (voir notre série d'interviews vidéos au sujet des programmes des candidats à la présidentielle en matière de NTIC). « En France, le taux de connexion des foyers est inférieur à la moyenne de celui des 25 pays européens » écrivent les signataires du livre blanc. Qui expliquent que « cette situation n'est pas une fatalité et des solutions existent pour rattraper ce retard d'ici 2010. Renaissance Numérique a élaboré 15 mesures-clés pour faire de notre pays une puissance au coeur du numérique et pour permettre l'accès de tous à Internet. » Renaissance Numérique estime que « la maîtrise des Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) permettra de redonner un second souffle au pluralisme démocratique et de stimuler la productivité de notre économie ». Qui devrait se traduire par un point de croissance supplémentaire, comme le Syntec le disait dans sa propre lettre ouverte aux candidats à la présidentielle. Renaissance Numérique souhaite aller au-delà des mesures gouvernementales telles que « le portable à 1 E » - qui est en fait une mesure liée au crédit - en proposant notamment de subventionner 100 000 étudiants boursiers pour l'achat de leur micro-ordinateur, de mettre sur le marché des ordinateurs reconditionnés à 99 E (l'association estime que 50% des ordinateurs jetés peuvent être reconditionnés) ou encore de faciliter la donation - ou la vente à prix réduit - par les entreprises et les administrations de leurs PC à leurs employés par des mesures fiscales et comptables appropriées. Pour la création d'un poste ministériel lié aux NTIC Un effort doit également être fait pour combattre l'appréhension numérique, notamment par la formation. Particulièrement dans la sphère professionnelle et parmi les retraités. Le livre blanc préconise notamment l'échange « RTT contre formation NTIC », à raison d'une journée par an dans le cadre du dispositif 'compte épargne temps'. Renaissance Numérique propose aussi de fédérer et systématiser les initiatives liées au 'passeport Internet', en y associant notamment l'ANPE, afin de former les chômeurs. Le club demande aussi une campagne de sensibilisation du grand public, et davantage d'efforts en faveur des handicapés et des personnes âgées - en termes d'accessibilité aux sites Web, ainsi qu'en faveur des « jeunes des quartiers défavorisés », par exemple en multipliant le nombre de bornes publiques d'accès à Internet. A l'instar du Syntec, Renaissance Numérique recommande de sensibiliser et de former les TPE à l'usage d'Internet. Cela passerait notamment par « la poursuite du développement des services d'administration en ligne destinés aux TPE, les incitant à s'équiper et à se connecter », et par la mise en place de crédits d'impôts pour l'achat d'équipements. Le livre blanc s'intéresse également à « un modèle de société numérique permettant de hisser la France au rang des premières puissances numériques dans le monde ». D'après les auteurs, un accès à Internet plus égalitaire permettrait de « réduire l'e-exclusion ». Et afin que la France accorde aux NTIC l'attention qu'elles méritent, Renaissance Numérique suggère, toujours comme l'avait fait le Syntec, « la désignation d'un haut fonctionnaire en charge des NTIC, sinon d'un ministre délégué auprès du Premier ministre ».