Les mauvaises nouvelles s'enchaînent dans le secteur IT aux Etats-Unis. Alors que les fournisseurs multiplient les plans massifs de licenciements (Microsoft, Amazon, Salesforce, Meta...), le géant Intel vacille. En octobre dernier, Bloomberg indiquait s'attendre à plusieurs milliers de suppressions de postes et il semble qu'Intel a bel et bien commencé à réduire ses effectifs. Tech Radar indique que le plan d'Intel est de licencier 544 de ses 120 000 employés estimés (0,5%), ce qui est moins spectaculaire comparé à d'autres entreprises. L'ampleur des dégâts a pu être constaté lors de la présentation des derniers résultats financiers du groupe pour son 4e trimestre 2022 et l'ensemble de son exercice écoulé. « De toute évidence, les résultats financiers ne sont pas ce que nous espérions », a déclaré le CEO d'Intel Pat Gelsinger lors d'un point avec les analystes. 

De très nombreux voyants sont au rouge : sur le dernier trimestre 2022, le fondeur a vu ses revenus reculer de 32 % à 14 Md$, tout comme la marge (-14,5 points). Le résultat net a même plongé dans le rouge de 700 M$ contre un bénéfice de 4,6 Md$ un an plus tôt. Sur l'ensemble de l'année passée, la situation n'est guère plus reluisante. Les revenus ont glissé de 20 % (63,1 Md$ versus 79 Md$) tandis que le résultat net a dégringolé de 60 % à 8 Md$ contre 19,9 Md$ en 2021. La marge a aussi glissé, passant de 55,4 % à 42,6 %. Plusieurs raisons ont été avancées par Intel pour expliquer ses mauvais chiffres, à commencer par un marché PC en forte baisse, une faible demande pour ses produits actuels ainsi qu'un manque d'efficacité interne et une gestion des stocks perfectible. 

Bond de 35 % pour l'activité Mobileye en 2023

« Intel a précédemment annoncé plusieurs changements organisationnels pour accélérer sa capacité à délivrer et son innovation en lui permettant de capter la croissance à la fois sur les grands marchés traditionnels et sur les marchés émergents à forte croissance », a indiqué Intel. « Cela inclut la réorganisation des unités commerciales d'Intel pour capter cette croissance et fournir une transparence, une concentration et une responsabilité accrues ».

Les activités coeur de métier d'Intel ont été durement touchées, aussi bien sur le dernier trimestre écoulé que sur l'ensemble de 2022, avec des baisses respectives de 36 % (6,6 Md$) et de 23 % (31,7 Md$) pour Client Computing Group ainsi que 33 % (4,3 Md$) et 15 % (19,2 Md$) pour Data Center et IA. La branche Network and Edge limite la casse avec un recul d'1 % au dernier trimestre (2,1 Md$) et de 11 % en 2022 (8,9 Md$). Quelques consolations quand même avec une belle progression des revenus de Mobileye aussi bien au 4e trimestre 2022 et sur l'ensemble de l'année écoulée, en hausse respective de 59 % (565 M$) et de 35 % (1,9 Md$). Tout comme Accelerated Computing Systems and Graphics (+1 % et +8 % avec des revenus respectifs de 247 M$ et de 837 M$), sans compter Intel Foundry Services (+30 % et +14 % à 319 et 895 M$).

Un 1er trimestre 2023 qui s'annonce compliqué

Signe que la situation est préoccupante, Intel ne communique plus ses prévisions de résultats au-delà de son premier trimestre 2023. Autant dire que le groupe assume de naviguer à vue et d'en subir les conséquences du marché qui n'apprécient guère ce manque de transparence, mais les variables pesant sur les comptes s'avèrent bien trop nombreuses. Pour son 1er trimestre 2023, le fondeur américain table sur un chiffre d'affaires compris entre 10,5 et 11,5 Md$, une marge opérationnelle de 34,1 % et une perte par action de 0,8$. Des indicateurs qui n'ont rien à voir avec ceux du 1er trimestre 2022 : 18,4 Md$, 50,4 % et 1,98$.