Il y a plusieurs manières d’accompagner les entreprises dans la migration vers le cloud. La stratégie de SAP, dans ce domaine, est de jouer sur les coûts du support des offres sur site pour pousser les sociétés à choisir les services cloud. En effet pour la deuxième année consécutive, l’éditeur allemand annonce un ajustement des montants des redevances de maintenance logicielle « selon l'indice local applicable (IPC) » pour les contrats existants : SAP Standard Support, SAP Enterprise Support et SAP Product Support for Large Enterprises.

En 2023, ce taux était ajusté « d'un maximum de 3,3 % (ou le taux local de l'IPC, s'il est inférieur). Par exemple en France, il était de 2,12 %. A partir du 1er janvier 2024, le taux sera capé avec un maximum de 5 %. Interrogé sur le taux applicable en France, SAP France n'a pas répondu au moment de l'écriture de cet article. Il y a deux ans, SAP avait justifié cette remontée par la hausse des coûts de l'énergie, de la main-d'œuvre et des services tiers. Pour 2024, l’éditeur est plus vague en évoquant « les conditions actuelles du marché » et « des taux d’inflation toujours élevés ».

Hausse des coûts + pas d’innovation = la double peine

Les justifications de l’éditeur ont du mal à convaincre surtout au regard des évolutions à la baisse du taux d’inflation dans différents pays. Par exemple au Royaume-Uni, l’Office des statistiques nationales du Royaume-Uni fait état d'une inflation annuelle des prix à la consommation de 7,9 % pour juin 2023, contre 9,4 % un an plus tôt, après avoir atteint un pic de 11,1 % en octobre 2022. Idem en Belgique où le taux d’inflation était de 9,59 % en 2022 et devrait atteindre 3,3 % en 2023.

Interrogé par nos confrères d’IDG, Thomas Henzler, membre du conseil d'administration pour les licences, les services et le support, au sein du groupe germanophone des utilisateurs de SAP, DSAG, n'est pas satisfait des augmentations de prix, notant qu'elles sont particulièrement injustes pour les clients on prem, étant donné que SAP ne leur offrira plus de nouvelles fonctionnalités. Une double peine annoncée par Christian Klein, CEO de SAP lors de la présentation des résultats du deuxième trimestre fiscal. « Les dernières innovations et capacités de SAP ne seront disponibles que dans les cloud publics et privés en utilisant RISE comme facilitateur ». Et d’ajouter, « nos dernières innovations ne seront pas disponibles pour les clients ERP sur site ou hébergés sur site chez les hyperscalers. Nos nouvelles innovations ne seront pas disponibles pour les clients ERP sur site ou hébergés sur site sur les hyperscalers ». Ces fonctions comprennent outre les évolutions de l’ERP, des solutions pour comptabiliser l’empreinte carbone, mais aussi celles liées à l’IA. Une décision qui a fait réagir Thomas Henzler : « Les clients sur site ne peuvent pas être de plus en plus coupés des dernières fonctionnalités et des innovations alors que les prix continuent d'augmenter. »