La maison-mère de SFR a décidé de reprendre la main en imposant aux prétendants au rachat de l'opérateur une date limite pour déposer leurs dossiers, selon le Monde. La date est celle du 5 mars à 20h. Cette action a notamment pour but de pousser Bouygues Telecom à se dévoiler comme candidat à la reprise et de permettre au conseil de surveillance de Vivendi d'analyser sereinement les offres.

La fin de semaine dernière a été l'occasion pour les deux plus sérieux candidats - Numericable/Altice et Bouygues Telecom - d'avoir des  discussions au plus haut niveau afin de rassurer l'Etat. Martin Bouygues a été reçu à l'Elysée pour une discussion avec François Hollande, selon le JDD, tandis que Patrick Drahy, propriétaire d'Altice a discuté avec Arnaud Montbourg et Fleur Pellerin. Les pouvoirs publics s'intéressent en effet particulièrement à la consolidation dans les télécoms. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a expliqué lors du point presse post Conseil des ministres que « l'analyse du gouvernement s'appuiera avant tout sur trois critères, surtout l'emploi évidemment, celui de la capacité à investir dans l'outil industriel et puis celui de la qualité du service qui pourra être fourni aux consommateurs ». Patrick Drahi s'est engagé dans un entretien au Figaro « à ne pas licencier, à conserver 8 500 emplois chez SFR et 2 400 chez Numericable et même à recruter des commerciaux pour le marché des entreprises ».

Les deux candidatures ont chacune leurs forces et leurs faiblesses. De fortes synergies sont envisagées en cas de rachat par Bouygues Telecom dont les équipes travaillent déjà avec celles de SFR sur la mutualisation des réseaux. Problème, un retour à un marché de trois opérateurs risque de ne pas passer les fourches caudines de l'Autorité de la concurrence à moins d'importantes concessions de la part de Bouygues Telecom comme la revente d'une partie de son réseau et de ses fréquences. La Commission européenne aura aussi son mot à dire sur l'opération. L'option Numericable limite ce blocage anti-concurrentiel en maintenant quatre acteurs sur le marché des télécoms, mais le financement de l'opération par la dette pourrait inquiéter les marchés financiers. Avec sa date butoir, Vivendi s'est offert une courte pause de répit médiatique, alors que les tractations et le lobbying ne font que commencer.