Le lendemain de la publication par Kyodo News, l'une des plus grandes agences de presse japonaise, d'une information selon laquelle Sharp était sur le point de finaliser avec Intel un investissement à hauteur de 500 millions de dollars, Sharp a fait savoir qu'aucune décision définitive n'avait encore été prise. Dans son communiqué, Kyodo News indiquait également que Sharp était aussi en négociation avec le fabricant américain de puces et de composants pour appareils mobiles, Qualcomm. Même si les entreprises concernées gardent le silence sur des transactions éventuelles, la position publique de Sharp sur la question a considérablement évolué au cours de ces deux derniers mois. En septembre, suite aux premiers articles faisant état de pourparlers entre Sharp et Intel, l'entreprise japonaise a catégoriquement démenti ces informations affirmant « qu'aucun des éléments publiés n'était vrai ». Mais mercredi, le lendemain du communiqué de Kyodo News, le ton de Sharp était nettement différent. « Ce n'est pas quelque chose que nous avons annoncé officiellement, et il n'y a pas eu de décision sur la question », a reconnu cette fois l'entreprise. Intel a refusé de dire quoi que ce soit au sujet d'un accord potentiel. « C'est de la pure spéculation, nous ne commentons pas les rumeurs », a déclaré pour sa part Chuck Mulloy, un porte-parole d'Intel aux États-Unis.

Une certaine complémentarité entre Sharp et Intel

Selon les analystes, un accord entre les deux parties serait cohérent. Sharp subit actuellement une crise de liquidités majeure qui résulte à la fois de la grosse restructuration engagée par l'entreprise et des pertes qui pourraient atteindre 5,6 milliards de dollars cette année. Le fabricant japonais a donc besoin d'un partenaire financièrement solide, capable aussi de sécuriser son activité écran pour l'avenir. De son côté, Intel cherche un moyen d'élargir ses activités, à mesure que les utilisateurs remplacent leurs ordinateurs traditionnels et leurs ordinateurs portables par des tablettes et d'autres terminaux. « Intel pourrait combiner sa technologie processeur avec la technologie d'affichage LCD de Sharp, qui sont très complémentaires dans les terminaux mobiles », a déclaré Hiroyuki Shimizu, analyste spécialisé dans les semi-conducteurs chez Gartner au Japon.

L'entreprise d'Osaka possède une technologie LCD de pointe, y compris pour ce qui est des nouveaux écrans basse-énergie qui permettent de prolonger la vie de la batterie des téléphones portables et des tablettes sans sacrifier la résolution ou la luminosité, et Sharp possède certaines des plus grandes usines de fabrication de panneaux de télévision au monde. L'entreprise a longtemps mené des négociations avec le groupe taïwanais Hon Hai Precision Industry, maison mère de Foxconn, en vue d'un investissement important, mais ces négociations sont au point mort depuis que le prix de l'action de Sharp a plongé ces derniers mois.

Mercredi, la bourse a donné un signal favorable à un éventuel accord entre Intel et Sharp, faisant grimper l'action de Sharp de 7 %, soit deux fois la hausse moyenne de l'indice Nikkei. De son côté, la presse japonaise s'inquiète qu'une puissance industrielle nationale comme Sharp accepte des investissements d'une entreprise étrangère, mais actuellement le Japon offre peu d'alternatives. « La plupart des entreprises d'électronique japonaises sont en difficulté financière, c'est pour cela que Sharp doit chercher de l'aide à l'étranger », a déclaré Hiroyuki Shimizu.