Année après année, le salon Solutions Linux (3 au 5 février au Cnit, Paris-La-Défense), ne dément pas l'évolution amorcée voici déjà plusieurs éditions. Sans cesse plus professionnelle, la manifestation a attiré pour ce cru 2004 tous les grands noms de l'industrie - IBM, HP, Sun, Microsoft, Oracle, Novell, Apple, Dell sans oublier bien sûr Red Hat -, soucieux de ne pas laisser passer l'intérêt actuel des DSI pour les solutions Open Source. Une liste à laquelle il faut ajouter la présence de quelques SSII, comme Ares ou Euriware, pas vraiment connues jusqu'alors pour leur implication dans le logiciel libre. Résultat : des allées trustées par les logos des fournisseurs, le monde associatif se trouvant relégué sur un côté du salon, dans de petits stands. Les pontes du libre, comme la FSF (Free Software Fondation), l'Aful (Association francophone des utilisateurs de Linux et des logiciels libres) ou Debian, jouxtant les associations d'étudiants. "Les grands de l'industrie viennent sur le salon parce qu'il y a un marché à prendre, mais les fous furieux du logiciel libre sont toujours là", se réjouit Gilles Polart-Donat, de la SSLL (société de services en logiciels libres) Alixen, qui voit sa société, alliant activité commerciale et participation à la communauté, à la réunion de ces deux univers. Un virage vers les affaires assumé d'ailleurs par les grands éditeurs du logiciel libre. Ainsi David Axmark, cofondateur de MySQL AB, éditeur suédois de la base de données éponyme, avoue sans ambages : "dès le départ, la société a été fondée dans le but de gagner de l’argent, en payant des développeurs pour écrire le produit". Quant à la version gratuite de la base de données, elle permet notamment d’obtenir un retour intéressant des utilisateurs, et "d’embaucher des gens qui connaissent déjà la produit !" Cette étrange mayonnaise semble en tout cas séduire les visiteurs, nombreux à se presser dans les allées. Les libertaires convertis de la première heure côtoyant des professionnels curieux. Témoin de ce mélange : lorsque, lors d'une conférence inaugurale, Alex Pinchev, de Red Hat, interroge le public sur le nombre de personnes ayant déjà déployé Linux, moins d’un tiers du public lève la main.