« Anticiper, protéger et réagir », pour son show Hello annuel, Stéphane Richard, PDG d’Orange, a mis en avant les efforts et actions entreprises par l’opérateur français dans le secteur de la cyberdéfense, sans oublier les développements réalisés dans le domaine de l’intelligence artificielle, de la santé et de l’IoT. Pour échapper au carcan hexagonal, le dirigeant français a invité sur scène son homologue allemand, Timotheus Höttges, PDG de Deutsche Telekom, afin de présenter de concert les développements communs en intelligence artificielle. Nonobstant, les déclarations d’autosatisfaction des différentes autorités publiques et parapubliques, les principaux projets faisant appel à l’IA en France reposent sur des frameworks développés par des sociétés américaines ou chinoises. Dans les banques, par exemple, avec IBM Watson pour des problématiques de RH, de conformité ou de suivi commercial. Rappelons au passage qu'Orange Bank a retenu Watson pour accompagner les démarches commerciales de ses clients.

Le duo Orange/DT a commencé par travailler sur le développement d’une enceinte connectée – avec un investissement à 50/50 – livrée avec l’assistant numérique Djingo d’un coté et Hello Magenta de l’autre. Cet accessoire sera commercialisé au prix de 49 euros. « Nous faisons quelque chose pour que les gens arrêtent de se plaindre sur le déclin de l’Europe […] L’Europe a une place pour animer le business du numérique », a assuré le patron de Deutsche Telekom. « Ce push en business doit être accompagné d’un effort politique en IA, dans la cybersécurité, dans l’informatique quantique et dans les smart cities », a abondé Stéphane Richard. « Nous sommes forts en Europe et nous pouvons faire beaucoup », a enchainé Timotheus Höttges. Il suffit de regarder ce qui se passe avec le RGPD. Un règlement européen qui s’est imposé à nos partenaires américains et asiatiques pour protéger les données personnelles des citoyens.

Un partenariat IA avec Amazon

Précisons que Djingo pourra faire office d’interface pour piloter à la voix la domotique et la TV, mais avec un partenariat avec Amazon pour utiliser l'API d'Alexa pour réaliser des achats et des recherches sur Internet. Quid de la souveraineté numérique européenne avec le recours à une solution développée par un acteur américain ? Pour la domotique via sa plateforme Maison Connectée, Orange a choisi de travailler avec Philips, Bosch et Netatmo, récemment racheté par le groupe Legrand. Des solutions retenues pour des critères de sécurité. Une mise à jour des Livebox, attendue au premier trimestre 2019 dans trois millions de foyers en France, activera le support de ces objets connectés (lampes, caméras, thermostats ou équipements électroménagers). « La promesse IoT n’est pas encore tenue » a indiqué le PDG d’Orange, « cela est dû à la complexité des solutions et des protocoles ». En complément, Orange compte proposer avec l’assureur Groupama la plateforme Maison Protégée qui pourra assurer la surveillance du domicile avec l’intervention d’une équipe de sécurité en cas d’alerte. La liste des équipements compatibles n’est pas connue, mais on devrait au moins retrouver les solutions de Netatmo. Pour mieux accompagner les entreprises dans leurs projets IoT, Orange travaille avec Lora et le LTE-M  avec carte SIM - qui était en démonstration sur les ateliers Hello.

Quatre ans après la sortie d'Amazon Echo avec Alexa, Orange sort son smart speaker. (crédit Orange)

Le très haut débit était bien sûr à l’honneur, avec des avancées dans le domaine de la 5G et de la fibre optique. Orange a ainsi monté une démonstration mettant en scène un drone équipé d’une station d’émission 5G dans son centre d’innovation de Châtillon filmant en direct à 60 images/s avec un flux de 50 Mbit/s. En 2019, l’opérateur compte poursuivre ses tests 5G dans 17 villes en Europe (en Espagne, Pologne et Roumanie). En France, les expérimentations grandeur nature se dérouleront à Paris, Lille, Marseille et Nantes avec une commercialisation du service 5G en 2020 - mais sans Huawei - « quand suffisamment de mobiles 5G seront disponibles », a expliqué le dirigeant. Et en juin prochain, Orange organisera un grand forum sur la 5G pour mettre en avant les usages dans les entreprises. Autre pilier de la stratégie très haut débit, la fibre optique pour combattre l’exclusion numérique. « Internet nous fait oublier l’aspect physique du réseau. Il s’agit pourtant d’un enjeu clef pour bâtir la société numérique de demain. Les câbles sous-marins transportent 99% du trafic IP mondial […] et les routes de données renforcent les liens entre les continents les plus peuplés de la Terre. Orange participe et finance ces câbles, notamment les projets Dunant avec GoogleCanoe pour désenclaver la Guyane et Peace pour relier le Pakistan et l’Afrique de l’Est à l’Europe », a indiqué Stéphane Richard. En France, onze millions de foyers ont déjà accès à la fibre optique, mais en complément, l’opérateur pousse la 4G fixe sans engagement en attendant le réseau mobile du futur, la 5G.