SVM (Schweitzer-Maudit International), désormais rattaché au groupe Mativ depuis son rapprochement avec Neenah, est un fabricant de papiers spéciaux à haute technicité, qui possède plusieurs sites en France, dont une usine près de la ville de Le Mans. En 2019, l'entreprise a entamé une transition vers l'industrie 4.0, choisissant dans ce cadre de s'appuyer sur la plateforme d'Internet des objets industriel (IIoT) de Braincube.

En amont du projet, SWM a d'abord préparé le terrain en alignant les systèmes d'information et en convainquant les différentes parties prenantes de sa dimension opérationnelle, afin d'éviter que l'initiative soit perçue comme purement IT. « L'outil, quel qu'il soit, active la transformation, mais ne la réalise pas lui-même. Ce sont les hommes et les processus qui réalisent ce changement vers l'industrie 4.0 », souligne Florent Martin, directeur des technologies pour les papiers techniques chez SWM. « La transformation vers l'industrie 4.0 est à 20% une question technique et à 80% une question d'humain », poursuit-il. L'entreprise a ensuite recherché un outil adapté à ses objectifs. « Nous avions besoin d'un outil de terrain qui puisse être utilisé dans les ateliers et accompagner la maîtrise du procédé, à l'inverse d'un outil réservé à des ingénieurs derrière un bureau », explique Florent Martin.

Un PoC appécié dès le départ

Ces critères ont conduit SWM à retenir la solution de Braincube, qui a été mise en oeuvre en trois phases. La plateforme a d'abord fait l'objet d'un proof of concept (PoC) sur un procédé de fabrication nouveau, non opérationnel en production. Le PoC a permis aux équipes de SWM de mener des expérimentations qui ont révélé le manque d'organisation autour de ce procédé, un manque de données historiques dans l'entreprise et donc une absence d'enjeu métier clairement établi.

« L'outil nous a convaincus dès le PoC sur ce qu'il était possible de faire en termes de management de la performance, de progrès continu, d'analyse de la donnée et de facilité d'accès ; c'est l'outil que j'aurai aimé avoir en tant qu'ingénieur process plus tôt dans ma carrière » confie Florent Martin. Pour celui-ci, trois prérequis sont nécessaires pour que les transformations digitales réalisées dans le cadre d'un passage à l'industrie 4.0 atteignent les résultats escomptés : « Il est clef d'être tiré par un enjeu métier, d'avoir une infrastructure de données installée et au niveau, c'est-à-dire partagée et accessible, ainsi qu'une organisation en place » explique-t-il.

Un déploiement sur une machine de production stratégique

Lors de la deuxième phase du projet, la solution a été déployée sur la machine de production principale du groupe, qui était également la plus performante, dans une usine importante pour SWM, avec le plus grand nombre de variétés. L'enjeu consistait à régler des problèmes de casse sensibles, pour des papiers à destination de clients majeurs. En l'espace d'un an, les objectifs de transformation de ce premier site ont été atteints, portés par une organisation spécifique mise en place pour le projet et par un investissement managérial fort. Aujourd'hui, les gains obtenus en optimisant le fonctionnement cette première machine représentent 500 000 dollars par an selon Florent Martin. Le site maîtrise ses données et est autonome dans la réalisation de sa transformation.

La troisième phase, prévue sur 2022, prévoit d'étendre cette transformation à l'ensemble des usines du groupe, grâce à un processus de déploiement établi intégrant une première phase d'audit sur les capacités IT présentes, la maturité de l'organisation et des données. « Plus qu'un projet, déployer la transformation vers l'industrie 4.0 est un véritable parcours, une expérience où on apprend tous les jours, y compris sur ce que l'on fait depuis des années. Le changement se fait au quotidien, au plus près du processus et il faut être capable d'embarquer les équipes dans cette transformation continue », observe Florent Martin. Selon celui-ci, la formation, la communication sur les succès et l'animation de la communauté sont également essentielles pour réussir cette transformation. Enfin, celle-ci a également permis à des collaborateurs de différents sites de confronter leurs problématiques, de découvrir des situations communes et de trouver des solutions ensemble.