Comme chez Apple avec l’iPhone, l’arrivée d’un smartphone Galaxy chez Samsung est toujours un petit événement. Qui plus est après le couteux fiasco du Galaxy Note 7 dont les batteries défectueuses avaient la mauvaise idée de prendre feu. Avec les Galaxy S8 et S8+, le sud-coréen n’avait plus droit à l’erreur. Nous avons testé le plus grand modèle, le S8+ doté d’un écran Amoled de 6,2 pouces avec une batterie de 3 500 mAh contre 5,8 et 3000 mAh pour le S8. Si une diagonale de 6,2 pouces fera peur à certains - les smartphones de type phablets ne sont vraiment pas agréable à utiliser au quotidien – Samsung contourne habilement le problème en rétrécissant la largeur de l’écran (au ratio de 18,5:9) à la fois biseauté et sans bordures. Avec des dimensions de 159 mm en hauteur et de 74 mm en largeur, la prise en main est très bonne même avec une petite main.

 

Un nouveau rapport d'aspect et des bords presque inexistantes apportent un affichage plus grand dans un mobile plus petit. (Crédit IDG)

Et la hauteur XXL du mobile permet de gagner en confort de lecteur que ce soit avec une page web ou une carte. Qui plus est avec un écran moins courbé que le Galaxy S7 Edge, le S8+ s’avère beaucoup plus ergonomique. Samsung a réussi cette prouesse en réduisant au maximum le haut et le bas du terminal pour afficher l’écran (Infinity Displays dans le jargon marketing du coréen) sur toute la surface du smartphone. Le bouton physique a donc disparu et le lecteur d’empreintes digitales collé à coté du capteur photo ce qui est loin d’être une bonne idée à l’usage. On passe en effet son temps à chercher le lecteur pour déverrouiller le mobile et quatre fois sur cinq, on colle son index sur le capteur photo. La seule solution est d’utiliser une coque de protection qui donne le relief nécessaire pour distinguer à l’aveugle le lecteur d’empreintes du capteur photo.

Rapide, le lecteur d'empreintes est très mal placé au dos du mobile. (Crédit IDG)

Exynos en Europe, Snapdragon aux Etats-Unis 

Si le sud-coréen a particulièrement soigné le design de ses deux deniers mobiles haut de gamme, la partie technique n’a pas été négligée même si en Europe ces terminaux sont livrés avec une puce maison Exynos 8895 Octa à 2,3 GHz (gravée en 10 nm) associée à une circuit graphique Mali G-71 MP20. En Amérique du Nord, ces deux mobiles sont équipés d’un processeur Snapdragon 835 cadencé à 2,35 GHz, épaulé par un GPU Adreno 540. La quantité de mémoire vive est la même - 4 Go de RAM - et la flash plafonne à 64 Go extensible via le lecteur microSD (jusqu’à 256 Go pour l‘instant). Pour les performances, sans avoir fait de benchmarks entre les deux versions, Snapdragon et Exynos, la vélocité nous a semblé être rigoureusement la même avec Android 7 et les applications livrées en standard. Après trois semaines d’usage intensif, l’Exynos ne démérite pas et toutes les applications bureautiques et multimédias sont fluides. Ce qui n’était plus le cas avec un Huawei P9 depuis la mise à jour vers Android 7. La différence est plus que sensible entre les deux mobiles, à l’avantage du S8+. Précisons que le chinois a rattrapé son retard avec la sortie du P10 qui semble toutefois bien fade coté design si on le compare au S8+.

Doté de la même batterie 3500 mhA que le S7 Edge – histoire d’éviter un remake du Note 7 – mais d’un écran un peu plus grand, le S8+ tient sans problème la journée même avec un usage intensif, avec le WiFi, la 4G et le Bluetooth allumés, la luminosité adaptative et tous les autres paramètres optimisés par défaut par le constructeur. Ce denier livre d’ailleurs un utilitaire de maintenance de l’appareil qui regroupe plusieurs outils capables de bloquer automatiquement certaines applications en tâches de fond, de libérer de la mémoire vive ou encore de traquer les malwares et autres spywares.

Samsung passe à l'USB type-C et conserve encore une bonne vieille prise jack. (Crédit IDG)

Toujours IP68 

La bonne base matérielle du S8+ ne se limite pas seulement au processeur et à l’écran, on retrouve un connecteur USB-C, la charge rapide et le support des standards Qi et PMA pour la recharge sans fil. 60 minutes nous ont suffit pour passer de zéro à 73% avec le chargeur rapide. Signalons encore le Bluetooth 5.0 qui promet une plus grande portée, une bande passante plus élevée et des temps de connexion plus rapides. Le Galaxy S8 est le premier téléphone sur le marché à l'inclure.

Pour son mobile, Samsung supporte une fois de plus la norme IP68 – résistance à l'eau et à la poussière – sans sacrifier la prise jack toujours aussi pratique à l’usage. Si la restitution sonore du haut-parleur ne nous a pas vraiment emballé, la présence d’un circuit DAC 32 bits – comme sur les bons amplis récents - produit un son propre et détaillé à partir de la prise casque. Et comme le Galaxy S8 + est livré avec une paire d'écouteurs AKG de très bonne facture - c’est suffisamment rare pour le préciser – le son est particulièrement clair et pointu. Les autres fournisseurs de smartphones haut de gamme, et notamment Apple ou Huawei, devraient prendre exemple sur le sud-coréen.

Le casque AKG livré avec le S8 tire profit du circuit DAC 32 bits du mobile. (crédit : IDG)

Un assistant personnel très limité 

Avant de passer à l’assistant Bixby, un mot sur la surcouche logicielle de Samsung à Android 7.0. Le design logiciel qui portait autrefois le nom de TouchWiz est maintenant appelé Experience avec un lanceur maison qui déroutera les utilisateurs de Google Now. Mais l'interface est moins intrusive que la précédente livrée avec le S7. Après quelques ajustements, on peut même hésiter à revenir à un ersatz de Google Stock. Si Experience offre quelques fonctionnalités utiles, d'autres sont contestables. Smart Stay conserve l'écran allumé pendant que vous le regardez et un double appui rapide sur le bouton alimentation lance la caméra. Si Samsung met aussi en avant son propre apps store, il livre également des apps (navigateur Internet, galerie, stockage cloud, calendrier, SMS ou messagerie électronique) qui viennent doublonner - en moins bien - celles de Google. Certaines applications sont néanmoins intéressantes : Secure Folder (ex My Knox) pour verrouiller des documents et des apps, Samsung Connect pour gérer des accessoires Bluetooth et le gestionnaire de fichiers.

Après Apple et son Siri, Google et son Assistant, Microsoft et son Cortana, Samsung a racheté la start-up Viv Labs pour intégrer son propre assistant personnel. Mais faute de temps ou de ressources, Bixby a été livré sans une fonction de base chez ses concurrents : la commande vocale. Il n’est pas possible non plus d’utiliser le clavier pour envoyer des commandes. Il s’agit en fait d’un mini assistant personnel avec un hub qu’on peut paramétrer pour accueillir un flux d’informations comme les prochains rendez-vous, la musique de Spotify, la météo, les voyages à venir ou une sélection d’articles de presse à la Flipboard. Les fans de Twitter pourront afficher les derniers messages, les utilisateurs d’Uber lancer l’application et une carte Foursquare afficher des lieux à proximité mais sans la possibilité de personnaliser ses choix. Bixby, clairement, n'était pas encore prêt à être proposé mais Samsung ne pouvait pas retarder le lancement de son smartphone vedette. L’assistant conserve toutefois un réel potentiel comme l’authentification des objets et des personnes avec la caméra ou le scan de cartes de visites avec transfert dans les contacts. Le sud-coréen doit rattraper son retard – la version complète est attendue fin juin - et ainsi justifier la monopolisation du bouton gauche exclusivement réservé à Bixby. En attendant il est toujours possible d’utiliser Google Assistant avec toutes ses fonctionnalités et notamment les commandes vocales pour téléphoner ou lancer une recherche sur Internet.

Un scanner d'iris inutile 

Si un bon smartphone nécessite un bon capteur photo, Samsung a choisi de ne pas faire d’éclats avec le S8+. L’appareil photo est de qualité même si les capteurs se limitent à 12 mégapixels à l’arrière et 8 mégapixels en frontal. Le constructeur a toutefois optimisé la qualité et la facilité d'utilisation. La caméra arrière semble similaire à celle du Galaxy S7 de l'année dernière avec autofocus à double pixel, stabilisation d'image optique et une ouverture f / 1.7. Mais il s’agit d’un nouveau capteur avec de nouvelles optiques, et Samsung a amélioré ses algorithmes de traitement d'image. Le résultat est plutôt cohérent et les photos réussies même dans des conditions défavorables.

Si Samsung a abandonné toute ambition sur le marché de la micro en France, elle met aujourd’hui en avant un accessoire – Dx, une station d’accueil bien équipée avec USB type-C et HDMI proposée à 149€ - et des partenariats avec VMware (Workspace One sur base Horizon) et Citrix (XenDesktop et XenApp) pour transformer le S8 en poste de travail bureautique – sous Android avec une suite Office - ou en client léger (avec un environnement de travail Windows ou Linux). A l’usage, en mode desktop Android, le smartphone s’avère plutôt convaincant grâce à une bonne base technique et un environnement logiciel supportant le multifenêtrage avec une interface ressemblant à Gnome.

Avec la station d'accueil Dx, Samsung transforme son Galaxy S8 en poste de travail additionnel. la souris et le clavier Bluetooth ne sont toutefois pas proposés par le Coréen. (Crédit S.L)

Un mot pour finir sur le polémique concernant le scanner d’iris hacké par des membres du Chaos Computer Club (CCC). La solution de sécurité de Samsung basée sur l’iris est particulièrement lente et ne fonctionne pas avec les porteurs de lunettes. Le fournisseur coréen prévient d’ailleurs ses clients que cet outil de déverrouillage n’est pas totalement sûr et qu’il doit être utilisé en complément du bon vieux code PIN et/ou du lecteur d’empreintes digitales. Il ne s’agit que d’un gadget que le constructeur aimait mettre en avant dans ses conférences de presse de lancement du S8. 

Commercialisé 909 euros TTC (un peu moins cher sur certaines sites web), le S8+se situe dans la fourchette haute du marché et approche les tarifs d'Apple. Mais, il s'agit aujourd'hui du meilleur mobile Android avec un écran qui vaut vraiment le détour.