Le CEO d'Apple, Tim Cook, continue à défendre fortement le principe du chiffrement. Dans une interview à CBS, il a déclaré que sur cette question, « il n'y avait pas de compromis possible entre la vie privée et la sécurité nationale ». Ajoutant qu’Apple ne pouvait pas livrer d’informations chiffrées. « C’est un point de vue trop simpliste. Nous sommes en Amérique. Nous devrions avoir l’un et l’autre », a-t-il déclaré dimanche sur CBS à Charlie Rose lors de l’émission 60 Minutes. La transcription de l'interview a été mise en ligne par la chaîne de télévision américaine. Selon Tim Cook, les gens devraient avoir la possibilité de protéger leurs données personnelles sur leurs smartphones, que ce soit des données de santé, des données bancaires, ou leurs conversations privées avec la famille ou des collègues de travail, et peut-être des secrets professionnels.

Après les récentes attaques terroristes de Paris et de San Bernardino, en Californie, les entreprises de haute technologie sont sous pression. Les agences gouvernementales voudraient accéder plus facilement aux communications chiffrées utilisées par les terroristes pour planifier leurs attaques et recruter encore plus d’adeptes. Au début de ce mois, le président américain Barack Obama a déclaré qu'il demanderait aux responsables d’entreprises high-tech et aux agences gouvernementales de faire en sorte que « les terroristes ne puissent pas utiliser la technologie pour échapper à la justice ». Le directeur du FBI, James Comey, a également réclamé un débat sur le chiffrement des communications, disant que la technologie ne doit pas faire obstacle à la sécurité des citoyens. Ce dernier a ajouté que le gouvernement préférait résoudre ce problème en négociant avec l'industrie plutôt qu’en l’obligeant par une législation contraignante.

Apple a sans doute plus de secrets que la CIA…

Mais Tim Cook est resté inébranlable sur la question du chiffrement. « Si le gouvernement nous présente le mandat adéquat, nous fournirons l'information spécifique. Parce que la loi nous y oblige. Mais elle ne couvre pas les communications chiffrées et nous n’avons pas à fournir ces informations », a-t-il déclaré. Le CEO a balayé l’idée d’ajouter, comme l’ont proposé certains, une porte dérobée sur les mobiles qui permettrait aux autorités d’accéder aux communications chiffrées. « La réalité, c’est que si vous ajoutez une porte dérobée, celle-ci peut servir à tous, aux bons et aux méchants ». Mis en accusation devant le tribunal du District Est de New York, Apple a refusé de répondre à une requête du gouvernement qui demandait à l’entreprise de Cupertino d’aider les enquêteurs à contourner le mot de passe d'un iPhone 5S. L’entreprise a déclaré qu'il était possible d'extraire certains types de données utilisateur non chiffrées sur un iPhone 5s tournant sous iOS 7, mais que ce n’était plus le cas si le mobile tournait sous iOS 8 et les versions ultérieures.

Dans l’interview, Tim Cook a évité de répondre sur d’autres sujets, notamment sur la préparation d’une Apple Car, qui fait l’objet de plusieurs rumeurs. Le CEO a souri quand Charlie Rose l’a interrogé sur ce projet. Il a détourné la question en déclarant que « probablement, Apple avait plus de secrets que la CIA ». Tim Cook a encore déclaré que si l'entreprise fabriquait ses produits en Chine, c’était davantage en raison des compétences disponibles sur place que du coût réduit de fabrication. « On pourrait probablement rassembler tous les outilleurs-ajusteurs américains dans la pièce où nous nous trouvons actuellement. En Chine, on pourrait remplir plusieurs terrains de football ». Il a rejeté catégoriquement l’accusation selon laquelle Apple gardait ses revenus à l'étranger pour éviter de payer ses impôts aux États-Unis, estimant qu’il s’agissait vraiment d’idioties.