Surprise dans les résultats du dernier palmarès du Top500 des supercalculateurs de juin 2018. Les derniers modèles construits par IBM pour le Département américain de l'énergie ont en effet fait reculer les précédents détenteurs du record, tous deux chinois, l’un à la seconde et l’autre à la quatrième place. Mais le Japonais Gyoukou, qui détenait la quatrième place, disparaît du classement après l'arrestation de l'un de ses créateurs pour fraude.

L'ordinateur le plus rapide du monde est maintenant le Summit construit par IBM pour l’Oak Ridge National Laboratory du département américain de l’énergie avec ses 122,3 pétaflops (opérations en virgule flottante par seconde). Il rétrograde ainsi le Sunway TaihuLight chinois avec ses 93 petaflops à la seconde place, après deux années de présence à la tête du classement. En réalité, IBM remporte une double victoire puisque son supercalculateur Sierra également construit pour le Département américain à l’énergie, passe en troisième position et pousse le Tianhe-2A chinois à la quatrième place. Les supercalculateurs Summit et Sierra sont basés sur des processeurs Power9 d'IBM avec accélérateurs Nvidia.

Supercalulateurs Top 500 juin 2018 

Le supercalculateur Gyoukou refroidi par immersion d'ExaScaler a été rayé de la liste du Top500 des supercalculateurs les plus rapides du monde après l’annulation du contrat de l'Agence japonaise pour la science et la technologie marines et terrestres. (Crédit : Exascaler)

Le supercalculateur chinois Tianhe-2A s’est classé en tête du Top500 de juin 2013 à juin 2016 avant d'être dépassé par le Sunway TaihuLight. La mise à niveau massive - et très efficace – qui lui a permis de quasiment doubler sa puissance de calcul, passant de 33,9 pétaflops à 61,4 pétaflops, pour moins de 4 % de consommation d'énergie en plus, n’a pas suffi. Mais que s’est-il donc passé avec le Gyoukou, l'ordinateur fourni par Exascaler à l'Agence japonaise pour la science et la technologie marines et terrestres ?

Scandale au Japon

En novembre 2017, après une mise à niveau avec des milliers d'accélérateurs SC2 2048-core de la société japonaise Pezy, le Gyoukou avait fait un bond spectaculaire vers le haut du classement, affichant une performance de 19,14 exaflops pour une efficacité énergétique de 14,17 gigaflops/watt, presque le double de celle de ses rivaux. Mais, en décembre 2017, le parquet du district de Tokyo a arrêté Motoaki Saito, fondateur et PDG de Pezy et président d'Exascaler, pour suspicion de fraude, selon la presse japonaise. En avril 2018, Exascaler a annoncé que l'Agence japonaise pour la science et la technologie marines et terrestres avait annulé son contrat de mise à niveau du Gyoukou et qu’elle avait demandé à Pezy de restaurer la version précédente de l'ordinateur.

Supercalculateurs Top500 juin 2018 

Chaque nœud du supercalculateur Summit construit par IBM pour le laboratoire national d'Oak Ridge du département américain de l'Énergie est équipé de deux processeurs IBM Power9 et de six GPU Nvidia Tesla V100. (Crédit : Oak Ridge National Laboratory)

Cependant, le Japon peut encore garder la tête haute, car un nouveau supercalculateur japonais fait son entrée dans le Top500, se classant même à la cinquième place libérée par Gyoukou. L'infrastructure AI Bridging Cloud Infrastructure (ABCI) a été construite par Fujitsu pour le National Institute of Advanced Industrial Science and Technology (AIST) du Japon. Construit autour de processeurs Intel Xeon Gold 20 core et de GPU Nvidia Tesla V100, il délivre une performance de 19,9 pétaflops. Malgré la disparition du Gyoukou, le Japon compte désormais 36 ordinateurs dans le Top500, contre 35 en novembre.

Pour le reste, le classement est largement dominé par des calculateurs chinois : en effet, la Chine compte 206 supercalculateurs dans la liste, contre 202 auparavant, pour seulement 124 systèmes américains, contre 143 précédemment. La Russie, superpuissance oubliée, a discrètement placé un quatrième système dans le Top500 : un Cray XC40 du Service fédéral russe d'hydrométéorologie et de surveillance de l'environnement. Avec une performance de 1,2 pétaflops, le Cray russe se classe à la 173e place.