La ferme contemporaine est équipée de capteurs, elle utilise des drones et elle peut être gérée à distance avec des iPhone, des iPad et d'autres terminaux mobiles. Et si ces technologies peuvent apporter des solutions à de réels problèmes, le vrai défi est ailleurs : d’ici 2050, la production alimentaire mondiale doit augmenter de 67%. 

Une nouvelle agriculture 

La ferme à commande vocale n’est pas une utopie. Siri servira bientôt à contrôler à distance les systèmes d'irrigation, à gérer le bétail et les récoltes en s’appuyant sur des outils d'analyse du cycle de vie des cultures basés sur la blockchainLa plupart de ces technologies existent, mais seul leur coût en limite le déploiement. Plusieurs applications contribuent déjà à la transformation digitale de l'agriculture. C’est le cas par exemple d’Agrellus, un marché en ligne pour l'agriculture, de Scouting App de Xarvio pour améliorer la gestion des cultures, de FieldNET Mobile ou d’AgSense pour la surveillance et le contrôle à distance des pivots d’irrigationde Yara ImageIT, qui transforme l’iPhone en système d'analyse des nutriments des cultures, ou encore de GrainTruckPlus pour diriger un parc de camions de récolteEn fait, l'App Store regorge d’applications pour l'agriculture. On y trouve même l’app Tudder, le « Tinder des animaux de la ferme », qui permet aux éleveurs de trouver une vache ou un taureau pour la reproduction. 

Le dronenouveau berger 

Au-dessus des champs, les drones sont utilisés tout au long du cycle de la vie agricole, pour la protection des troupeaux, la gestion des cultures, etc. Une application appelée FieldAgent offre un bon exemple de ce que peuvent faire ces nouveaux bergersL’app permet au drone DJI, leader des drones civils et de la photographie aérienne, de capturer des données afin de suivre l’état de santé des cultures et des plans de terrain, d'identifier les mauvaises herbes, et plus encoreToutes ces tâches peuvent être automatisées. La blockchain, coqueluche actuelle de l'industrie IT, connaît également un certain essor. Lors du dernier CES 2020, IBM a présenté une application qui connecte consommateurs et agriculteurs. Le principe est de fournir au consommateur toutes les informations sur le cycle de production d’un produit - le café, par exemple - dans un format accessible via une app pour iPhone. On voit bien ici comment pourrait être utilisée la blockchain pour stocker des données sur les cultures, les niveaux de pH, la distribution, la nutrition, etc. L’idée étant qu’une meilleure transparence de l’ensemble du cycle de vie agricole peut profiter à tous les acteurs du secteur. 

Des solutions pour de vrais problèmes 

Les exploitations agricoles télécommandées sont une réalité, et la technologie permet de résoudre de vrais problèmes. Par exemple, la plupart des exploitations agricoles occupent des espaces très étendus, et le simple fait d’avoir à se rendre sur place pour analyser et résoudre un problème prend du temps. L'innovation technologique permet également de réaliser d'autres gains d'efficacité. Forcément, les réseaux mobiles et des entreprises comme le fournisseur hollandais de systèmes de gestion du rendement agricole Dacom Farm Intelligence soutiennent ces déploiements de systèmes M2M à distance. Autre exemple, celui du gestionnaire d’investissement de Namibie Konigstein Capital a récemment financé l’installation dans ce pays de systèmes d'irrigation intelligents contrôlés par des technologies Apple et, en l’occurrence, avec un iPad. Grâce à cette solution, les agriculteurs peuvent contrôler les pivots d'eau à partir de la tablette d’Apple. Ils peuvent à la fois de gagner du temps, effectuer des réparations rapides, mais aussi faire tourner l’exploitation 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Le site a installé des systèmes de pilotage automatique sur trois tracteurs qui peuvent travailler efficacement et en toute sécurité la nuit, ce que ne pourraient pas faire des chauffeurs humains. 

Des robots agricoles pour des fermes robotisées 

De même que l’on verra bientôt circuler sur les routes des véhicules semi-autonomes, les équipements agricoles alimentés par l’IA arriveront aussi dans les fermes. En fait, si l’on regarde les technologies agricoles de pointe basée sur l’IA du fournisseur japonais Spread, on peut dire que c’est même une réalité. Demain, de nombreux systèmes de contrôle agricole seront basés sur l'IA. Des entreprises effectuent déjà des recherches sur l’usage des drones et l'échantillonnage des sols avec la réalité augmentée pour prouver l’intérêt de ces déploiements. Bien sûr, dès que l’on aura transformé un appareil mobile en système de contrôle pour ce type d'équipements, on trouvera aussi des systèmes vocaux pour commander ces systèmes à distance. Un jour, les agriculteurs pourraient même arriver à tout gérer en utilisant la voix et des lunettes AR connectées. Et ne parlons pas de l’apport possible des big data dans la production agricole. 

Gros problèmes, grosses solutions  

Mais l’intégration de la technologie au secteur agricole n’est pas seulement une affaire de solutionsL’industrie a besoin de cette transformationEn effet, selon les Nations-Unies, d'ici 2050, la population mondiale devrait atteindre 9,7 milliards d'habitants. Or, pour nourrir cette population, la production agricole mondiale doit augmenter de 69 %, même si les défis climatiques et environnementaux ont un impact sur les cycles de culture. C'est bien dans ce contexte que se déploie la technologie. Les agriculteurs et les experts recherchent tous les gains de productivité possibles qui leur permettront de relever ce défi. Dans la pratique, évidemment, le coût de ces technologies profitera surtout aux entreprises qui ont les moyens d'investir, et les petits exploitants agricoles se rabattront sur des procédés moins efficaces. Mais, si une industrie a besoin d’un consensus équitable en matière de technologie, c'est bien l'agriculture : en effet, dans le monde, neuf exploitations agricoles sur dix sont des exploitations de petite taille, mais elles fournissent plus de 80 % de l'approvisionnement alimentaire mondial. Sans ces exploitationsil sera tout simplement impossible d’atteindre les objectifs alimentaires de demain.