Un membre du récent conseil d'administration d'OpenStack a estimé que l'arrivée de VMware au sein du projet de cloud Open Source était une «énorme erreur» et pourrait altérer la perception du marché sur le projet. L'auteur de ces phrases est Boris Renski, co-fondateur de Mirantis, société d'intégration et de conseil sur OpenStack. Il indique que la plupart des entreprises avec qui il travaille s'intéressent à OpenStack, car il s'agit d'une alternative à VMware. Il précise que le vote du conseil d'administration a brouillé cette distinction. « Si OpenStack n'est pas une alternative à VMware, alors qu'est-ce que c'est ? » s'interroge le responsable.

L'entrée de VMware dans OpenStack a alimenté les rumeurs depuis quelques mois, mais les commentaires de Boris Renski reflètent les tensions entre les deux acteurs. On se souvient par exemple d'un post de Mathews Lodge sur le blog de VMware en avril dernier comparant les projets Open Source, dont OpenStack, aux « vilaines soeurs » de Cendrillon. Il s'agissait d'une réponse aux projets qui se prétendent plus ouverts que VMware.

Mais depuis quelques semaines, la position de l'éditeur de solutions de virtualisation a changé avec le rachat de DynamicOps, société spécialisée dans la gestion des environnements multi-cloud. Plus encore, le rachat de Nicira, spécialiste de la virtualisation du réseau, pour 1,2 milliard de dollars, a changé la donne. Cette entreprise est en effet un contributeur majeur pour le projet OpenStack. Quelques jours après l'acquisition officielle, VMware a fait sa demande pour devenir membre « gold » de la communauté OpenStack. Le conseil d'administration traîne un peu les pieds pour retarder sa décision. Puis, lors d'une réunion extraordinaire, il accepte l'arrivée de VMware. Ce dernier justifie son adhésion par l'extension de sa vision d'un datacenter géré via des logiciels.

Une erreur stratégique

Boris Rensky n'y croit pas. Dans un billet de blog sur le site Mirantis, il déclare son opposition en rappelant que la commercialisation et la perception d'OpenStack sont une alternative à VMware. Il admet que sur le plan technologique, l'arrivée du spécialiste de la virtualisation ne constitue pas un problème. En revanche, il pense qu'avec cette annonce, les utilisateurs pourraient être tentés de se tourner vers d'autres projets Open Source comme CloudStack de Citrix, soutenu par Apache et Eucalyptus. Si le vote d'acceptation du conseil d'administration a été unanime, reconnait le responsable, il pense que certains membres sont d'accord avec son analyse mais ne peuvent pas s'exprimer publiquement. Il persiste : « c'était une erreur et je pense que si VMware avait été refusée, cela aurait marqué de manière plus nette qu'OpenStack est une alternative Open Source à VMware ». Il ajoute un rien moqueur « avec VMware, le projet est dilué. Quel est le prochain candidat, Amazon ou Microsoft ? ».

Lydia Leong, analyste sur le cloud au Gartner qui suit le projet Open Source, estime que depuis le rachat de Nicira, il est inévitable que VMware soit impliquée dans OpenStack. « Avoir un pied dans le camp ennemi ne fait pas de mal », souligne-t-elle et c'est normal que cela fasse grincer des dents. D'autres analystes sont en désaccord avec Bob Rensky. Ainsi, Krishnan Subramanian, analyste chez Research Rishidot, pense que VMware et d'autres acteurs importants comme Microsoft peuvent légitimement rejoindre OpenStack. L'éditeur a même tout intérêt à la jouer « gentil » avec le projet OpenSource, à travers Nicira. Cela lui permettra de rapprocher sa plateforme Cloud Foundry d'Open Stack.