C'est le Parlement qui a engagé cette procédure en demandant (en décembre 2009) au Gouvernement de lui remettre un rapport sur la fracture numérique. Le Gouvernement s'est lui-même tourné vers le Conseil d'analyse stratégique (CAS) pour réaliser l'étude. Elle vient de paraître. Tableau  général : «notre société est incontestablement entrée dans l'ère du numérique. Mais force est de constater que nous ne sommes pas tous présents dans cette nouvelle société ».  Le CAS apporte des réponses chiffrées. Avec d'entrée un élément  fort : un tiers des français ne possède ni ordinateur (31,5%), ni accès internet (37,1%).

Dans le détail, ce tiers se retrouve dans trois données essentielles. Le fossé générationnel d'abord. Les seniors français semblent moins connectés que ceux de pays comparables. Après 75ans, 16,9% des français disposent d'un ordinateur à leur domicile. 18% des français de plus de 65 ans utilisent un internet, contre par exemple 65% des danois ou 68% des finlandais de la même tranche d'âge.

Deuxième point, le fossé social est un fait marquant. 34% des français aux plus faibles revenus ont un ordinateur à domicile et 28,2% une connexion à Internet. C'est clairement une question de coûts, or les outils numériques sont de plus en plus indispensables. Enfin, le fossé culturel montre que les moins diplômés sont aussi les moins équipés et les moins connectés.

En revanche, la fracture numérique ne correspond pas à une fracture géographique, les zones rurales sont bien pourvues (du moins en ordinateurs, la question des zones blanches est une autre histoire), du fait de l'équipement des agriculteurs.

Jeunes et mal connectés


Derrière ces constats de base, le CAS dresse des appréciations qui sont autant de guide d'actions pour les pouvoirs publics. Les plus jeunes, s'ils sont moins diplômés et moins aisés financièrement, restent durablement à l'écart. 16% des 15-24 ans n'ont pas d'accès internet à domicile. Les mêmes éprouvent souvent des difficultés de lecture. Malgré cela, la génération « digital native » existe et le CAS estime que l'éducation nationale se prépare mal à l'accueillir. Les méthodes d'enseignement doivent-elles être modifiées pour cette nouvelle génération ? 40% des enseignants utilisent les TIC moins d'une fois par semaine.  Ces TIC permettront pourtant d'atténuer les inégalités à l'école. 

Le CAS liste neuf recommandations pour réduire la fracture numérique : une action politique vigoureuse, une attention particulière portée aux jeunes, un traitement social du sujet, une politique pour les personnes âgées et leur maintien à domicile par les TIC, une prise en compte des nouvelles génération « digital native », un plan de développement pour le numérique à l'école, l'observation des bonnes pratiques réalisées à l'étranger, la prise de conscience que les TIC permettent d'atténuer les inégalités devant l'école, le développement de la formation continue et de l'enseignement à distance par le numérique.