Manifestement il y a de la friture sur la ligne des écoutes téléphoniques. Nos confrères de Libération ont fait état d'un incident technique d'une rare ampleur ayant affecté la Plate-forme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ) et abouti dans certains cas, selon des policiers, à la disparition pure et simple de certaines écoutes enregistrées. Le problème a débuté lundi 29 février avec des alertes émises par de nombreux services (Gendarmerie, sous-division antiterroriste, direction générale de la sécurité intérieure...) auprès de la délégation aux interceptions judiciaires (DIJ) du ministère de la Justice, qui ne pouvaient plus (ou très mal) accéder à la PNIJ.

« Au total, entre 1 500 et 1 800 écoutes se seraient brusquement interrompues au cours de la semaine, impactant directement des enquêtes en cours », écrit Libération. Dans un mail, la Chancellerie a reconnu des problèmes techniques sur la nouvelle plate-forme d'écoutes téléphoniques conçue par Thales et mise en place en octobre dernier : « Depuis le début de la semaine, la PNIJ est difficilement accessible aux utilisateurs. Des problèmes techniques se sont ajoutés à ceux de certains opérateurs. »

L'ancien système d'écoutes remis en selle

Pour palier cette grave situation, la décision a alors été prise de réaliser une « opération de maintenance d'ampleur » ayant nécessité de stopper le fonctionnement des écoutes en coupant la PNIJ pendant plus de 24 heures le 5 mars dernier. Alors que le ministère de la Justice indique « qu'aucune donnée n'a été perdue » durant cet arrêt, ce n'est pas l'avis de certains policiers qui ont fait apparemment état d'interceptions totalement perdues. Par ailleurs, de nouvelles opérations de maintenance sont prévues pour améliorer les performances de cette plate-forme, dont le fonctionnement est officiellement opérationnel depuis octobre mais qui ne cesse d'être pointé du doigt par les utilisateurs.

Depuis l'incident du 5 mars, de nombreux services se seraient remis à utiliser l'ancien système d'écoutes permettant de passer directement par les opérateurs téléphoniques grâce à des prestataires privés.