Le design du processeur ARM Cortex R52, annoncé hier, va permettre aux voitures autonomes d’être en règle avec le Code de la route, la sécurité routière et la police. En effet, la puce est destinée à améliorer la synchronisation et la précision des systèmes de freinage des véhicules autonomes, empêcher et éviter les collisions, et faire stopper le véhicule aux feux rouges. Les véhicules autonomes embarquent des ordinateurs qui permettent de reconnaître des objets et de rouler dans les rues de façon responsable. Et leurs systèmes de sécurité sont essentiels pour le conducteur comme pour les piétons : un processeur trop lent, qui mettrait une seconde de trop pour enclencher le système de freinage, peut entraîner des accidents aux conséquences fatales. Les véhicules actuels sont dotés de microcontrôleurs (MCU) qui savent répondre rapidement à l’action exercée par le conducteur sur la pédale de frein.

Mais les voitures autonomes ont besoin d'un processeur beaucoup plus sophistiqué et le Cortex R52 doit permettre d'automatiser le freinage en fonction de l'interprétation qu’il fait des données qu'il reçoit des caméras, du radar, du système de télédétection par laser LIDAR, du GPS et d’autres capteurs, des GPU et autres processeurs. Tout le travail des processeurs est mis en commun pour reconnaître les objets, maintenir le véhicule sur sa trajectoire, et réaliser d'autres tâches d’intelligence artificielle. Au même titre que d’autres processeurs, la puce ARM Cortex R52 apportera sa contribution pour permettre aux systèmes informatiques des véhicules autonomes de fonctionner correctement. Par exemple, c’est la puce qui aura la responsabilité de décider si le conducteur peut passer en conduite autonome pour jouer à Pokemon Go, ou non.

1 ordinateur pour le divertissement, l'autre pour la conduite 

Beaucoup de voitures, comme la Passat de Volkswagen, sont dotées en standard d’un système de freinage d'urgence. Sur ces systèmes de freinage, le MCU travaille aussi avec des capteurs. Mais dans le cas des voitures autonomes, les processeurs ont besoin d’analyser beaucoup plus de données, et la puce Cortex R52 doit être capable de traiter un grand nombre d’informations sensorielles et visuelles en temps réel pour savoir à quel moment précis le système doit déclencher le freinage du véhicule. La sécurité des voitures autonomes est l’objet de toutes les attentions, surtout après les accidents impliquant des véhicules du constructeur Tesla. Ces voitures sont équipées d’une fonction Autopilot qui peut prendre le relais du conducteur. Mais il faut toujours que celui-ci reste au volant.

« Les futurs véhicules autonomes seront équipés de deux types d'ordinateurs : l'un pour le divertissement, l'autre pour commander et contrôler le véhicule », a déclaré Jim McGregor, analyste principal chez Tirias Research. Il serait possible d’utiliser des CPU et GPU courants pour gérer les fonctions de freinage des véhicules autonomes, mais celles-ci seraient largement sous-employées. Des puces plus petites et plus sophistiquées comme la Cortex-R52 seront plus adaptées pour ce genre de tâches.

Travailler en temps réel 

Les systèmes de freinage des véhicules avec conducteurs sont toujours plus réactifs, mais les véhicules autonomes ont besoin de systèmes encore plus rapides. Par exemple, les systèmes de commande et de contrôle connectés au cloud pourraient transmettre aux systèmes de freinage des informations sur l'état des routes, et gérer l’action du système en conséquence. « Reste que le freinage demeure une fonction hautement critique, et il y a encore des problèmes à résoudre notamment en terme de protection », a déclaré l’analyste. Le fait d’ouvrir ces systèmes à des sources de données externes peut effectivement les exposer à des attaques ou à une surcharge d'informations. « La puce Cortex R52 a été conçue avec des dispositifs permettant de protéger les systèmes de freinage », a déclaré James Scobie, chef de produit senior chez ARM.

Le design de la puce est tel qu’il peut isoler le code critique utilisé pour gérer le système de freinage du véhicule. « Cette puce pourrait également améliorer la sécurité des drones et des robots. Ces objets qui interagissent avec le monde réel ont aussi besoin d’être très autonomes », a ajouté le chef de produit. La puce Cortex R52 est basée sur l'architecture ARMv8-R. Comme pour ses autres processeurs, ARM vendra son design sous licence à des fabricants de puces. STMicroelectronics a déjà choisi le processeur Cortex R52 d’ARM pour développer de nouvelles puces pour le secteur automobile. Mais ARM n’est pas le seul sur ce créneau : Intel, Renesas, NXP et Freescale développent aussi des puces pour l’automobile.