DSI du groupe Bel depuis septembre 2023, Valérie Bourbon a déjà une longue carrière dans ce type de poste chez Ubisoft, Smart&Co (Smartbox), au sein de la société de microcrédit en ligne Oakam à Londres ou du laboratoire pharmaceutique Ipsen. « J'ai pourtant une formation en économie et en statistiques, relève-t-elle. Pas grand-chose à voir avec l'IT. » Elle détient en effet un mastère en économétrique et économie quantitative et d'un autre mastère en économie de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, mais elle a rapidement évolué vers les systèmes d'information.

« J'y suis arrivée par le conseil, raconte-t-elle. J'ai en effet passé 6 ans au sein du cabinet PWC sur l'audit d'organisation IT, de grands projets, du support à maîtrise d'ouvrage et enfin, sur la mise en place d'ERP. » Responsable de domaine fonctionnel chez Ubisoft de 2003 à 2009 et chez Oakam en 2012, Valérie Bourbon a piloté la transformation digitale d'Ipsen de 2015 à 2019. « J'ai travaillé sur le sujet du patient connecté, les apps d'accompagnement et les digital companions, la data et l'IA pour la découverte de molécules, etc. ».

Elle a, par ailleurs, déjà exercé en tant que DSI chez Smart&Co durant près de 3 ans à partir de 2009 et chez Dim durant 4 ans avant d'entrer au sein du groupe Bel l'an dernier. La DSI de Bel dit trouver sa motivation dans la transformation des entreprises par la technologie. Dans l'entreprise, le défi est bien celui-là, puisqu'elle a la charge de la simplification des processus de l'industriel agroalimentaire et pilote aussi le passage de l'entreprise vers SAP S/4 Hana.

Plus proche des métiers que de l'infrastructure

Son parcours et son profil en font ainsi une défenseure d'une approche métier de l'IT, plus attractive selon elle pour les femmes. « Je suis proche des métiers, confirme-t-elle. Je suis rentrée dans ces sujets par les projets, le logiciel, le fonctionnel et les processus. Je suis aussi responsable de l'infrastructure et du réseau, mais c'est un domaine où je vais moins. » Valérie Bourbon a la charge de la feuille de route applicative, de la stratégie IT et de la mise en oeuvre de l'ensemble, avec une équipe de 150 personnes pour un effectif total de 13 000 employés dans le groupe.

La DSI de Bel n'a pas souvenir d'avoir rencontré de difficultés particulières en tant que femme. « J'ai eu beaucoup de managers femmes, comme la DSI de Smartbox, par exemple, précise-t-elle. Je n'ai pas ressenti de différence particulière, ni de remise en cause de ma crédibilité parce que je suis une femme. Cela a davantage été le cas parce que j'étais jeune, en revanche. » Valérie Bourbon raconte avoir toujours croisé des femmes, sauf dans l'infrastructure. « Dans la gestion de projet, elles sont quasiment à parité chez Bel, affirme-t-elle, alors que dans l'infrastructure, elles doivent être 3 ou 4 sur 100. »

Trop peu de femmes DSI

« Je peux comprendre que les femmes n'aient pas d'appétence pour l'infrastructure, le réseau, justement parce qu'elles n'y sont pas nombreuses, précise-t-elle. Mais ce n'est pas vraiment mon cheval de bataille. Je préfère me faire l'avocate de la diversité des métiers IT : gestion de portefeuille de projets, ressources humaines de l'IT, accompagnement du changement, etc. »

La DSI de Bel estime qu'il n'est pas besoin d'être ingénieur dans l'IT pour accéder à ces métiers, puisqu'il est possible d'entrer comme chef de projet métier, puis d'être formé aux applicatifs, par exemple. « Cela laisse des opportunités aux femmes, poursuit-elle. Elles mettent un pied dans la porte de cette façon. Nous avons, par exemple, une équipe de 3 personnes sur l'IA générative, dont deux femmes. Et une jeune femme d'une trentaine d'années travaille dans notre projet de R&D sur l'analyse prédictive. » En revanche, Valérie Bourbon reconnaît que peu de femmes occupent encore des postes de DSI, ce qui l'a conduite à devenir membre du réseau French Women CIO.