Tremblement de terre en perspective chez Veeam ? Une annonce faite sur un forum spécialisé de l'éditeur en solutions de back-up as a service n'est pas passée inaperçue : « il semble que Veeam ira finalement de l'avant et arrêtera de vendre des licences basées sur socket dans le courant de l'année prochaine, comme je m'y attendais », a indiqué Anton Gostev responsable produits senior de Veeam. « La date exacte reste à définir, mais comme toujours, nous ferons l'annonce bien à l'avance (dans les semaines à venir), donc tous ceux qui ont besoin de s'approvisionner avec plus de sockets pendant qu'ils sont encore disponibles auront encore le temps et la possibilité de le faire en 2021 ou 2022 ».

Jusqu'à présent, la plupart des produits de Veeam (Backup & Recovery, Availability Suite...) étaient disponibles aussi bien au travers de licences par socket (un processeur avec un certain nombre de coeurs) que par une licence perpétuelle classique. Depuis quelques années, l'éditeur pousse également un autre mode de facturation baptisée Instance Licensing notamment utilisée pour ses services cloud public. Cette licence a été lancée quelques mois après l'annonce de la levée de fonds de 500 millions de dollars de Veeam. Simple coïncidence ou moyen d'augmenter le coût d'usage, cette licence reste d'après l'éditeur très intéressante. « Elle reprend tous les avantages de portabilité de la licence par instance Veeam (VIL) et les complète par les fonctionnalités exhaustives d’une version universelle qui facilite encore plus l’achat et l’utilisation des licences portables. Et en guise de bonus, la VUL offre toutes les fonctionnalités de l’édition Enterprise Plus avec une remise s’élevant jusqu’à 33 %. Plus de capacités, plus de flexibilité et un prix réduit », promettait Veeam il y a deux ans.

Le choix assumé de la carotte et du bâton ?

Reste que cette évolution n'est pas bien perçue par tout le monde : « Veeam nous oblige désormais à rechercher de nouvelles solutions de sauvegarde pour l'avenir. Après la migration vers VUL, nous verrions une augmentation massive des prix (à 6 chiffres) en raison des frais de renouvellement d'abonnement plus élevés (du moins c'est ce que je comprends) », s'emporte un utilisateur. Et un autre d'ajouter : « La migration vers le devis perpétuel VUL était tout simplement stupide à mon avis. L'année 1 était de 2,6 fois notre coût actuel de renouvellement de socket perpétuel et les coûts de renouvellement à partir de l'année 2 étaient de 2,2 fois nos coûts de renouvellement actuels, à peine inférieurs aux coûts de l'année 1. J'ai demandé deux fois de confirmer que c'était exact et on m'a dit que c'était certainement le cas ». L'arrivée de processeurs Xeon avec 48 coeurs chez Intel et même Epyc avec 64 coeurs chez AMD permet de monter plus de VM sur une socket, si la mémoire suit. Et multiplie donc mécaniquement le nombre de VM à sauvegarder.

Des réactions qu'a tenté d'apaiser Anton Gostev : « Je sais que l'un des concepts de base de notre politique de migration VUL est une remise perpétuelle sur les futurs renouvellements d'abonnement, qui est spécifiquement conçue pour garantir que vos coûts de renouvellement d'abonnement correspondent à ce qu'ils étaient avec la licence socket ». Et d'expliquer que ce modèle de migration sera tiré « par la carotte » avec des avantages (incentives) et « le baton » (fin de vie du mode de facturation par socket) et que les licences reposant sur une facturation par socket « ne peuvent pas être utilisées par la majorité des workloads que Veeam peut protéger actuellement ». Et d'enfoncer le clou : « il ne sert à rien de continuer à vendre de l'essence qui permet aux voitures de rouler sur certains types de routes uniquement. Cela dit, vous avez toujours la possibilité de conserver vos licences socket existantes », tente de rassurer Anton Gostev. Reste à savoir si tous les clients actuels seront convaincus.

MAJ : Contacté par la rédaction pour des précisions sur cette évolution de modèle de licence, Veeam France a apporté des précisions le 29 septembre 16h19 : « Nous aspirons effectivement à ce que la licence universelle de Veeam (VUL) devienne le seul type d’abonnement contracté par nos clients, en particulier ceux qui nous rejoignent. En effet, les capacités et les produits supplémentaires mis en place font que les licences par socket ne sont plus adaptées à l’ensemble des services offerts par la plateforme Veeam », a expliqué Rick Vanover, senior director product strategy chez Veeam. Dans ses éléments de réponse, le dirigeant n'avance pas de date concernant la fin de la tarification par socket. Et Anton Gostev, senior vice président produit chez Veeam, de préciser : « L’objectif de l’équipe en charge de la tarification chez Veeam est de faire de VUL l’option la plus attractive pour nos clients – aujourd’hui comme demain ». Quoi qu'il en soit, la tarification par socket est bel et bien vouée à disparaitre : « Quel est le point commun entre le cloud, les données des NAS, les serveurs physiques, les endpoints et les bases de données des entreprises ? Tous sont dépourvus de sockets. Cela montre bien que ce modèle de tarification n’est pas adapté à la plateforme Veeam actuelle et encore moins à nos futurs projets », conclut Rick Vanover. Une déclaration qui fait immédiatement réagir puisqu'un NAS ou une baie de stockage n'est qu'un serveur dédié avec des contrôleurs x86. Et chaque processeur est bien installé sur un support physique, le socket. Et même en mode cloud, les instances exploitent encore des sockets, à moins que les hyperscalers aient réussi l'exploit de totalement se passer d'infrastructures et donc de serveurs et autres baies de stockage.