Ayant réalisé 2,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2015 et comptant 9 500 employés dans le monde (dont 1 800 en France), Veolia Water Technologies est un poids-lourd français spécialisé dans les services d'épuration et de retraitement des eaux. Faisait face au vieillissement d'une ancienne génération de capteurs permettant de faire remonter des informations relatives à ses installations (pompes, systèmes de retraitement...), cette filiale de Veolia a lancé un POC (proof of concept) en filiale sur 500 systèmes de dématérialisation dans le domaine de l'Internet des Objets. Objectifs : réduire les temps d'intervention de maintenance sur ses installations, anticiper les recharges de résine et réaliser de la remontée d'indicateurs (température, pureté de l'eau, niveau de PH...) en temps réel.

« Jusqu'à maintenant, le metering se faisait en mode déconnecté et pas en temps réel et ce qui va changer avec AWS IoT sera de faire de l'analyse prédictive, du machine Learning, mais aussi rendre les systèmes interopérables aux ERP et réaliser un pont avec les plateformes e-commerce », a indiqué Alexandre Saulnier, responsable de la transformation digitale de Veolia Water Technologies, à l'occasion d'un point presse organisé jeudi par Amazon Web Services. Le groupe estimant à 20% le nombre d'interventions totalement optimisées, « sans compter l'objectif de proposer de nouveaux services tel que la facturation à la consommation », a poursuivi Alexandre Saulnier.

Des cartes Arduino et Raspberry connectées au cloud AWS

Le périmètre du POC IoT mené par Veolia Water Technologies s'est concentré sur la mise en place de 500 capteurs connectés dans une de ses filiales - plus précisément l'installation de mini-cartes Arduino et Raspberry connectées au cloud Amazon Web Services. « On connecte les micro-contrôleurs qui envoient les données chiffrées vers le cloud AWS que l'on traite ensuite pour obtenir des indicateurs de température, de pureté de l'eau ou encore de niveau de PH », a précisé Alexandre Saulnier. Pour l'heure, l'envoi d'indicateurs temps réel n'est toutefois pas encore implémenté et la mise en production sur un périmètre plus large (le parc d'installations de Veolia Water Technologies est de plusieurs dizaines de milliers de machines) n'a pas encore été décidée.

L'autre projet IT du moment pris à bras le corps par la filiale de Veolia concerne la migration d'applications internalisées vers le cloud. « Notre stratégie cloud est l'amélioration de l'efficience, faire face à l'initiative digitale, tout en respectant les contraintes financières et donner des perspectives au niveau de l'IT », a expliqué Pierre Kerrinckx, responsable de la transformation cloud de Veolia Water Technologies.

Cap sur l'évolution des compétences et les Devops

Tirant parti de la signature d'un contrat cadre entre sa maison-mère et AWS - comprenant certaines clauses particulières comme le fait de faire bénéficier ses filiale d'une tarification support préférentielle - Veolia Water Technologies s'est lancé dans la migration de plusieurs applications jusqu'alors internalisées. « Cinq applications sont déjà en production dans le cloud AWS comprenant notre intranet sous Typo3, sites web et des applications marketing/communication sachant que 9 autres seront portées dans le cloud dont la GED », a fait savoir Pierre Kerrinckx. Une migration qui ne concerne pas cependant l'ERP JD Edwards, faute à un mauvais timing (en raison d'une nouvelle version) et un problème de maturité : « Avant de passer à l'ERP cloud, il faut des équipes matures formées pour travailler dessus », a soufflé Pierre Kerrinckx. « Notre ERP sera sur le cloud Oracle ».

Veolia Water Technologies (évolution des temps de disponibilité des applications)

Evolution des temps de disponibilité de 5 applications avant et après la migration vers le cloud AWS.

La société ne compte pas toutefois s'arrêter en si bon chemin, une réflexion pour la migration vers le cloud de son datawarehouse articulé aujourd'hui autour de Cognos pour la partie reporting, Data Manager d'IBM pour la brique ETL et d'une base de données Oracle étant en cours. Dans le cadre de la migration du datawarehouse, Veolia Water Technologies pourrait étudier le service AWS Quicksight en complément de son ETL actuel. Concernant les briques AWS utilisées actuellement, on trouve notamment EC2, S3, HDS Service, Elastic Search, Identity&Access Management, sachant qu'Aurora, Redshift et Machine Learning sont à l'étude aux côtés de Quicksight et AWS IoT.

Si les bénéfices financiers n'ont pas été abordés précisément, Veolia Water Technologies a toutefois précisé que « passer à AWS a permis d'accélérer le cycle de développement, d'avoir des machines scalables et prêtes à l'emploi et d'économiser sur la partie hébergement, a indiqué Pierre Kerrinckx. « L'objectif avec le passage au cloud est d'en profiter pour transformer les compétences et orienter les équipes informatiques vers l'apprentissage de nouvelles technologies, la veille technologique et les rendre plus polyvalentes. On s'oriente vers du DevOps pour automatiser et réduire les tâches à moindre valeur ajoutée pour les réallouer vers d'autres comme du troubleshoting plus évolué », a précisé quant à lui Alexandre Saulnier.

A noter que ce projet de migration de cloud n'est pas sans impact sur l’infrastructure de Veolia Water Technologies. S'appuyant sur trois datacenters en France, dont un partagé avec le groupe, l'un d'eux va être éliminé. Nul doute qu'un autre le sera également lorsque le transfert de 40 applications d'ici mi-2017 dans plusieurs clouds dont AWS, Google et Oracle (sur un total de 70) sera achevé.