Le marché du desktop-as-a-service (DaaS) commence à devenir intéressant. Avant l'annonce mercredi par Amazon de la disponibilité générale de son service WorkSpaces aux Etats-Unis et bientôt en Europe grâce à son datacenter britannique, VMware avait lancé, début mars, son DaaS Horizon découlant directement du rachat de Desktone. Le discours en faveur du DaaS reprend les mêmes arguments que ceux vantant les avantages de la plupart des nombreux autres services hébergés, notamment la réduction des immobilisations et celle des coûts de gestion. Selon Amazon, le coût de WorkSpaces est « très compétitif comparé au prix des ordinateurs de bureau traditionnels et le service coûte deux fois moins cher que la plupart des infrastructures de bureau virtuel ».

Le DaaS fournit des postes de travail hébergés, avec leurs systèmes d'exploitation et des applications. Ils sont exécutés dans le centre de calcul du fournisseur puis mis à la disposition des utilisateurs via Internet. Mais les postes de travail virtuels sont encore loin d'avoir conquis le marché, et ces nouveaux services ne risquent pas de mieux réussir à court terme. « Nous n'en sommes qu'aux prémices en terme de maturité même si les entreprises montrent un fort intérêt pour une solution qui leur permettrait de ne plus avoir à prendre en charge elles-mêmes le déploiement de l'infrastructure et de faire les investissements initiaux. Mais les vendeurs ont encore un certain nombre d'obstacles à surmonter », a convenu Nathan Hill, directeur de recherche chez Gartner.

Principale obstacle au DaaS, les performances

En particulier, l'intégration logicielle est un des principaux obstacles. Les fournisseurs doivent veiller à la bonne performance des applications qui ont elles-mêmes besoin d'accéder à des middleware ou à des bases de données physiquement séparées des postes de travail hébergés. Les préoccupations en matière de sécurité, de disponibilité et dans la façon de gérer l'ensemble du cycle de vie d'un desktop sont aussi des freins à l'adoption. Mais il faut bien commencer quelque part. Comme l'a déclaré Amazon, WorkSpaces est d'abord disponible dans les datacenters du nord de la Virginie et de l'Oregon. D'autres localisations seront ajoutées un peu plus tard. AWS précise que les entreprises situées en dehors des États-Unis peuvent tester son service, mais prévient que « l'expérience sera probablement moins satisfaisante » si les utilisateurs finaux sont situés à plus de 3000 kilomètres de ces deux centres de données.

Le desktop virtuel offert par WorkSpaces est basé sur Windows Server 2008 R2 avec RDS (Remote Desktop Services). Il permet aux utilisateurs de travailler dans un environnement qui ressemble à Windows 7. Selon Nathan Hill, « Amazon a fait le choix de Windows Server, parce que les termes de la licence de Microsoft pour la version serveur du système d'exploitation sont plus simples que pour les versions cloud de ses systèmes d'exploitation desktop ». Le directeur de recherche de Gartner fait remarquer que « peu importe si l'utilisateur considère qu'un système d'exploitation serveur représente ou non un compromis. Il aura certainement à relever plusieurs défis en termes de support pour ses solutions intégrées ». Ajoutant « qu'il plus compliqué de faire tourner des applications de bureau sur un OS serveur que sur un OS de bureau ».

Accès depuis un PC ou une tablette

Les bureaux virtuels de WorkSpaces peuvent être intégrés à Active Directory, ce qui permet aux utilisateurs de se connecter avec leurs identifiants habituels. À défaut, ils devront se connecter au service avec un mot de passe distinct. Une fois passée cette procédure, les utilisateurs peuvent, après avoir installé un logiciel dédié côté client, se connecter à leur desktop virtuel depuis un PC, un Mac, un iPad ou toute tablette Android, y compris les Kindle Fire d'Amazon. Les utilisateurs peuvent changer de terminal et reprendre leur session là où ils l'avaient laissé. Parallèlement, Amazon a lancé son service WorkSpaces Sync qui sauvegarde automatiquement les documents créés ou modifiés par les utilisateurs dans S3 (Simple Storage Service). L'offre WorkSpaces comprend quatre solutions : deux options Standard et Standard Plus qui comportent un processeur virtuel, 4 Go de RAM et 50 Go de stockage, et deux options Performance et Performance Plus, composées de deux processeurs virtuels, 8.05 Go de RAM et 100 Go de stockage. Elles coûtent respectivement 35, 50, 60 et 75 dollars HT par mois et par utilisateur.

Comparativement, VMware propose une option desktop standard avec un processeur virtuel, 2 Go de RAM et 30 Go de stockage pour 35 dollars HT par mois, et une option avancée avec deux processeurs virtuels, 4 Go de RAM et 30 Go de stockage pour 50 dollars HT par mois. Contrairement à Amazon, VMware permet aux utilisateurs de faire tourner Windows XP, Windows 7 et Windows 8, en plus de Windows Server 2008 R2 et de Windows Server 2012. Le fournisseur permet également aux utilisateurs d'accéder à leurs postes de travail hébergés depuis des clients légers et des clients dits Zéro, depuis des smartphones et des Chromebooks Google. Les clients Zéro n'ont ni système d'exploitation, ni processeur, ni mémoire et ni disque dur.

Office Pro 2010 pour la bureautique

Côté logiciels, les desktops Standard et Performance d'Amazon ont Adobe Reader, Internet Explorer 9, Firefox, 7-Zip et Adobe Flash préinstallés. Les versions Plus d'Amazon comprennent également Microsoft Office Professional 2010 et le logiciel antivirus de Trend Micro. Amazon WorkSpaces n'impose aucune restriction technique quant au type de logiciels que les entreprises peuvent installer sur les postes de travail. Il suffit qu'ils soient compatibles avec le système d'exploitation sous-jacent. Par défaut, les utilisateurs ont le statut d'administrateurs locaux de leurs espaces WorkSpaces. Comme l'a précisé Amazon, les administrateurs peuvent modifier ce paramètre et limiter la capacité des utilisateurs à installer des applications en appliquant des politiques de groupe.

Les nouveaux services d'Amazon et de VMware peuvent accroître l'intérêt pour les postes de travail hébergés, mais de nombreuses entreprises IT sont toujours en attente de voir ce que va faire Microsoft. « Le Projet Mohoro de Microsoft a déjà fait l'objet de nombreuses discussions, mais aucune annonce n'a encore suivi », a déclaré le directeur de recherche de Gartner. « Avoir le contrôle sur le code et sur la plate-forme donne à Microsoft beaucoup d'options. La balle est dans son camp », a déclaré Nathan Hill.