C'est le jour du départ de Terry Semel, un des co-fondateurs du portail, que Microsoft se décide à faire son offre sur Yahoo. Tout un symbole. Mais au-delà d'une date anniversaire, cette monstrueuse opération de croissance externe illustre une remodélisation du paysage informatique mondial et de la publicité en ligne. Microsoft, l'éditeur de Windows et n°1 mondial du logiciel, n'échappe pas à la règle. En proposant plus de 44 Md$ pour Yahoo, les intentions de l'éditeur de Redmond sont clairement d'aller chercher Google sur le terrain de la publicité en ligne. « Le marché aujourd'hui est de plus en plus dominé par un unique acteur » déclare-t-il dans un communiqué. Un segment sur lequel l'éditeur peine. Comme Yahoo qui, avec les déboires de sa propre plateforme Panama, a ébranlé tant sa base organisationnelle - cf. le manifeste de beurre de cacahuète - que son chiffre d'affaires. L'idée est alors de chercher l'union sacrée, au prix d'un exorbitant montant. Une fusion que salue Andrew Frank, vice-président chez Gartner, qui alerte cependant le marché sur la période de digestion des deux entités. « Bien que les synergies entre les deux sociétés, que Microsoft évalue à 1 Md$ par an, soient certainement bonnes, la fusion soulève la question de comment ils seront capables de maintenir la pression pendant la période d'intégration. Le marché de la publicité en ligne implique des niveaux constants de service et même la perception d'une diversion peut déboucher sur une perte du marché au profit des concurrents. » Si Microsoft et Yahoo devront maintenir la pression face à un très innovant Google, ils devraient aussi probablement se heurter aux autorités de régulation de la concurrence. « Les lois anti-trust sont aussi un paramètre à prendre en compte dans le cas d'accords de ce type, explique Andrew Frank. Bien que l'administration américaine actuelle ne devrait pas poser de problème, l'Union européenne a été agressive ces dernières années envers de telles fusions. » L'UE avait ainsi examiné de près le rachat de Doubleclick par Google pour 3,1 Md$. Restent en suspens de vastes questions technologiques, parmi tant d'autres. Comment aura lieu le rapprochement des offres de publicité de Live, aQuantive et Panama ? Et quel sera le devenir de Zimbra, solution de messagerie et de travail collaboratif Open Source acquis par Yahoo pour 350 M$, et qui se positionne en frontal à Exchange ? Des éléments de réponses devraient être donnés lorsque la transaction, si elle a lieu, sera finalisée, au deuxième trimestre 2008.