Le groupe Michelin est mondialement connu pour la fabrication de pneus, c'est aussi un groupe avec une histoire. Pouvez-vous nous le présenter et nous dire ce qui vous a marqué en entrant dans le groupe ?

Le groupe Michelin est né en 1889. Dès les années 20, il proposait un service d'itinéraire dactylographié, puis des bornes. Sa vision axée sur les usages et l'écosystème est très ancienne. Aujourd'hui le groupe est le leader mondial en valeur sur le marché des pneumatiques, et il est également en tête pour ses dépenses R&D dans son industrie, avec une culture scientifique et d'innovation. Le groupe a en particulier des expertises en chimie, physique et calcul des matériaux. Sa stratégie à 2030 comporte un volet sur les pneumatiques, mais aussi une ouverture vers les services, « beyond tire » et l'expérience de voyage, avec les guides verts ou l'application ViaMichelin. Enfin, il met son savoir-faire dans la chimie et les matériaux au service d'autres secteurs.

Sur les pneumatiques, l'ambition de Florent Menegaux est d'arriver à un pneu complètement durable, c'est-à-dire un pneu où la partie qui s'use soit biosourcée, naturelle et inerte pour l'environnement, et la partie solide recyclée. Pour cela, le groupe travaille sur la chimie verte, les processus industriels, l'économie circulaire et le recyclage. Il s'agit d'inventer les procédés et matériaux de demain. Michelin dépense davantage en R&D que la plupart des industriels de son secteur, c'est un élément clef pour soutenir l'innovation dans les produits et les processus de fabrication. Dans un pneu, il y a environ 200 composés différents avant la cuisson. C'est une structure très sophistiquée, un peu comme un gâteau, avec une recette, un savoir-faire qui est aussi dans les ingrédients. Le groupe dépense également davantage en IT que les autres groupes industriels.

Vous venez de le souligner, l'IT et le digital occupent une place importante dans la stratégie du groupe. Pouvez-vous nous retracer les grandes étapes de la transformation digitale de Michelin ?

Le logiciel dévore le monde et il dévore Michelin. Les ordinateurs sortent de la DSI. Dans la R&D, il y a beaucoup d'informaticiens, au marketing aussi ou dans le manufacturing. Michelin a engagé une stratégie de transformation digitale depuis sept ou huit ans, qui a donné naissance à une direction des activités digitales, avec un chief digital officer qui était Éric Chaniot. Il s'agissait de tirer parti du digital pour inventer de nouveaux produits et services, pour optimiser les processus et pour favoriser la relation client et l'engagement, notamment à travers le programme Engage, mené avec Salesforce, et la refonte des sites Web et des applications. Cette transformation a aussi débouché sur une digital workplace destinée à tous les employés du groupe, que la pandémie a fourni l'occasion de tester.

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