Cette longue période de télétravail forcée n’a pas toujours été aussi simple à appréhender, entre les enfants, la solitude pour certains, le manque d’espace pour d’autres. A cela, de nombreux utilisateurs éparpillés sur tout le territoire ont dû faire face à des connexions pas toujours fiables (manque de débit car connexion partagée avec toute la famille, faible bande passante, indisponibilité, etc.) pour accéder à leur environnement de travail. « La connexion réseau, c’est aussi l’une des problématiques qui nous a été fréquemment remontée par nos clients. La seule solution que beaucoup d’entreprises  ont trouvé a été de fournir des accès 4G », constate Christophe Auberger, Cyber Evangelist chez Fortinet. C’est aussi le constat de Bruno Caille, directeur technique chez Cisco France, qui avoue que Cisco a enregistré de nombreuses demandes de routeurs 4G dans la gamme Cisco Meraki pour couvrir l’absence de bande passante et appliquer aussi de la priorisation suivant l’applicatif. Par exemple, la solution WebEx passe par le boîtier Meraki et non le VPN. Idem pour l’opérateur Bouygues Telecom Entreprises qui a vendu 10 fois plus de routeurs et galets 4G durant cette crise. « Nous avons même temporairement ouvert les commandes depuis l’espace client et livré par La Poste à domicile étant donné les difficultés logistiques à livrer sur les sites des entreprises », indique Pierre-Antoine Thiebaut, en charge du marketing opérationnel digital pour Bouygues Telecom Entreprises. Du côté des infrastructures réseaux dans les entreprises, étant donné que les différents sites étaient souvent vides ou fonctionnaient avec un personnel réduit, il n’y pas eu d’impacts significatifs, les flux n’ont pas été plus importants mais déplacés vers l’extérieur. « Certaines entreprises qui disposent de liaisons MPLS ne sont pas suffisamment dimensionnées pour supporter la capacité, le SD-WAN peut être une réponse encore faut-il prévoir les liens, les entreprises qui ont fait le choix du SD-WAN sont souvent celles qui ont déjà externalisé une partie de leur infrastructure dans le cloud. Et donc pour les autres, il faut parfois changer du matériel ou la taille des liens et cela nécessitait donc une intervention physique, une tâche difficile pendant le confinement », souligne toutefois Christophe Auberger, Cyber Evangelist chez Fortinet. En effet, le confinement a gelé les déploiements SD-WAN sur site mais, selon Aliette Mousnier Lompré, directrice Customer Service and Operations (CSO) chez Orange Business Services, les installations redémarrent déjà fortement. Indirectement, cette crise a aussi révélé l’importance d’agir à distance. « Il faut donner des moyens aux entreprises pour mieux opérer à distance, c’est ce que nous faisons chez Huawei avec Cloud Campus qui permet d’avoir cette gestion uniforme des assets », déclare Michel Mounir Reguiai, directeur des solutions datacom chez Huawei EBG.

Des liens opérateurs renforcés

Du côté des opérateurs, les efforts ont été importants pour faire face à l’augmentation de la charge : +50 % constaté chez Bouygues Telecom. « Tout s’est bien passé, nous avons répondu à la demande, le plus délicat a été finalement de gérer les équipes opérationnelles, entre celles en présentiel et les autres qui restent chez elles, et opérer ainsi un roulement de toutes ces équipes », reconnaît Pierre-Antoine Thiebaut. A l’instar de Bouygues Telecom Entreprises, OBS (Orange Business Services) a enregistré une très forte demande en termes de connectivité : « nous avons doublé nos capacités transatlantiques », admet Aliette Mousnier Lompré, et de poursuivre : « Nous étions prêts à absorber cette charge, des signaux faibles nous avaient été parvenus de la Chine. L’enjeu est d’établir des priorités en servant d’abord les opérateurs d’importance vitale, les établissements de santé, sans oublier les entreprises indispensables notamment dans le secteur agroalimentaire. Nous gérons les sites internet de certains grands groupes agroalimentaires mais aussi des call-centers du secteur de la santé comme le Samu de la Gironde qui a multiplié par 20 ses appels. Il faut être aussi capable de gérer de la capacité physique pour rajuster les canaux voix du client. Enfin, au-delà de la priorisation, la décentralisation des prises de décision est essentielle surtout lorsque nous faisons face à une logistique très compliquée en cas de crise comme celle-ci. » Pour Franck Morales, directeur marketing des services de connectivité chez OBS, les entreprises disposant d’architectures cloudifiées ont peut-être su s’adapter plus facilement à l’instar de l’expert en assurance Saretec. Ainsi, OBS a réussi à multiplié par 2 la capacité de travail de son client Saretec grâce au cloud : le nombre de serveurs virtuels est passé de 90 à 150 et l’espace de stockage de 20 To à 40 To. De plus, le maintien en conditions opérationnelles des applications métiers, stockées dans le cloud Orange (Flexible Workspace IaaS Factory), est assuré par un plan de reprise d’activité (PRA). Les collaborateurs de Saretec peuvent ainsi continuer à travailler, en toute sécurité, en se concentrant sur l’essentiel : la relation client.