Semant les graines de ce qui pourrait potentiellement venir perturber le succès et les revenus récurrents dont il bénéficie avec ses outils d'animation Flash, l'éditeur américain Adobe vient de livrer une pré-bêta du logiciel Edge, conçu pour assembler des contenus dynamiques sur le Web en s'appuyant sur HTML5 et les standards ouverts associés. « Il s'agit d'outils destinés aux designers qui veulent construire des contenus interactifs en recourant à des standards du web », a expliqué Devin Fernandez, responsable produit chez Adobe.

Traditionnellement, ces utilisateurs se servaient de Flash ou d'un produit concurrent tel que Silverlight, de Microsoft, pour ajouter des éléments interactifs aux pages web, sous la forme de « splash screen » (ces pages qui s'affichent pour faire patienter l'internaute pendant le chargement d'un logiciel), de graphiques dynamiques, de  vidéos courtes ou de bannières publicitaires. Adobe estime que 99% de tous les ordinateurs desktops disposent du logiciel qui permet d'exécuter ces fichiers Flash. 

Au cours des dernières années toutefois, le W3C (World Wide Web Consortium) et d'autres organisations équivalentes ont développé différentes spécifications pouvant être utilisées pour réaliser des contenus Internet riches de même nature. Et les fournisseurs de navigateurs web intègrent ces standards (comme HTML5, JavaScript, CSS et les Canvas tags) dans leurs logiciels, ce qui supprime la nécessité de faire appel à un plug-in séparé tel que le lecteur Flash.

Adobe n'a pas non plus été aidé par Apple dont le PDG, Steve Jobs, a critiqué Flash le jugeant trop bogué et conseillant aux développeurs de passer à HTML5.

Flash et HTML5 vont continuer à coexister

« Davantage de traitements qui étaient précédemment réservés à Flash sont maintenant effectués avec des standards web, reconnaît Devin Fernandez. Nous considérons qu'aider à tirer profit de HTML5 peut constituer une énorme opportunité pour notre société ».

Le nouvel outil utilise HTML5, CSS et JavaScript pour insérer des contenus web animés directement sur une page HTML. Dans une approche similaire à celle de l'outil de développement Flash, Edge permet à un développeur de modifier les attributs d'une image ou d'un élément HTML en fonction d'une durée préétablie, l'image web qui en résulte offrant alors l'impression d'être animée.

Interrogé par nos confrères d'IDG News Service, Al Hilwa, analyste chez IDC, spécialisé sur le développement d'applications, estime qu'Adobe a déjà montré qu'il pouvait facilement adopter de nouvelles tendances. « Cela montre qu'il peut rester le premier fournisseur d'outils quelle que soit la technologie utilisée », considère-t-il. « Il y a très peu d'acteurs qui soit autant qu'Adobe en phase avec les besoins et la sensibilité des designers. Il apporte le modèle historique familier à de nombreux développeurs Flash vers l'univers de HTML5 et de JavaScript, tout en conservant l'intégrité du code ».

Adobe ne s'attend pas à ce qu'Edge supplante totalement Flash, au moins pas dans un futur proche. « La technologie Flash restera un composant clé pour des usages spécifiques tels que la vidéo haut de gamme ou les jeux, précise Devin Fernandez. HTML5 et Flash vont sans aucun doute continuer à coexister. Chez Adobe, nous allons donc continuer à travailler sur des solutions portant sur ces deux axes. Les utilisateurs décideront sur quelle technologie ils veulent s'appuyer ».

La preview de Edge peut être téléchargée gratuitement. Adobe prévoit de livrer la version commerciale définitive en 2012, pour Windows et MacOS.

Crédit photo : Adobe