Apple est revenu sur sa décision d'interdire aux développeurs d'utiliser des outils de programmation rivaux pour créer des applications pour iPhone, iPad et iPod, et notamment l'un d'entre eux qui a depuis été abandonné par Adobe. Selon un analyste, un tel retournement de veste de la part de la firme de Steve Jobs aurait été motivé par la rapide croissance d'Android. « Cela veut dire « plein gaz » sur la plateforme iOS » indique Scott Schwarzhoff, cadre chez Appcelerator.

Apple a annoncé ce changement dans un communiqué publié jeudi dernier sur son site web. « Nous avons assoupli les restrictions sur l'usage d'outils de développement pour créer des applications sur iOS, mais seulement si ces programmes ne téléchargent pas de code. Cela devrait donner aux développeur la flexibilité nécessaire, tout en préservant la sécurité de notre plateforme. » L'entreprise affirme avoir fait des changements importants dans trois sections de la licence du SDK (kit de développement) d'iOS dans cette optique d'assouplissement.

Des règles autrefois strictes

En avril dernier pourtant, Apple avait dit ne pas autoriser les développeurs à utiliser des compilateurs cross-plateforme d'origine tierce, outils qui transforment le code pour d'autres systèmes (comme les logiciels conçus en Java ou en Flash) vers des applications dédiée à l'iPhone. A l'époque, le SDK d'Apple dictait ce que les programmeurs pouvaient ou non utiliser. Sa licence disait « les applications doivent être écrites d'origine en Objective-C, C, C++ ou en JavaScript tel qu'il est exécuté par le moteur WebKit d'iOS. Seuls les codes en C, C++ et Objective-C peuvent compiler et directement lier les API documentées ». Les analystes avaient vu cette fermeture comme un geste contre Adobe qui avait créé un compilateur capable de créer des applications en Flash pour iOS. En réponse, Adobe avait complètement abandonné ce « Packager » qui était inclut dans Flash Professionnal CS5.

Cette fois-ci, Adobe accueille ce retournement de situation à bras ouverts. « C'est encourageant de voir Apple lever ses restrictions en terme de licence. Cela donne aux développeurs la liberté de choisir quels outils utiliser pour développer sur leurs appareils sous iOS. Nous allons donc reprendre la développement de cette fonctionnalité de CS5 pour les prochaines sorties de produits ». Plus tôt dans l'année, Apple et Adobe étaient entrés en confrontation au sujet de Flash, Steve Jobs déclarant que l'iOS n'avait pas besoin du logiciel, et le conseil d'administration de l'éditeur accusant Apple de nuire à l'avenir du web. Ce serait après avoir tenu compte du feedback des développeurs que la firme de Cupertino serait revenue sur sa décision, d'après ses propres explications. Mais certains n'adhèrent pas à cette version de l'histoire.

Apple poussé par des affaires judiciaires ?

« Il s'agit clairement d'une réponse à la pression de la compétition, et surtout celle d'Android qui n'a aucune restriction. Ce n'est pas dans les habitudes d'Apple d'être ouvert et flexible. D'ordinaire, leur politique penche plutôt vers le contrôle des prix et l'opacité », explique Ray Waldes, analyste chez Gartner. « Et à l'avenir, les OS comme Windows Phone 7 sur les smartphones et Chrome OS sur tablettes risquent d'être des concurrents gênants ». Il ajoute que les pressions de la Federal Trade Commission et du ministère de la Justice ont peut-être joué un rôle dans ce retournement. Quelques rapports avaient fait courir la rumeur, au mois de mai, qu'une enquête antitrust avait été ouverte par ces derniers contre Apple, après une plainte supposée d'Adobe, chose que tous les protagonistes avaient refusé de commenter à ce moment.

Les développeurs ont quant à eux applaudi ce changement, Scott Schwarzhoff s'avouant de l'avis de Ray Waldes quant aux réelles motivations d'Apple. L'entreprise acceptait toutefois, entre les restrictions imposée en avril et la réouverture de cette semaine, les applications développées avec Appcelerator et les outils d'Unity Technologies, sans fournir plus d'explications sur cette tolérance. Adobe remarque toutefois que Flash ne fonctionne toujours pas pour lire du contenu sous iOS lorsque l'on passe par le navigateur web mobile. Ces ces restrictions sont toujours en place

Illustration : Appcelerator
Crédit Photo : Appcelerator