45 minutes. Tel a été le temps de réaction éclair de Microsoft pour transmettre au FBI des données liées à l'attentat qui a frappé Charlie Hebdo le 7 janvier dernier. Le journal économique Bloomberg explique ainsi que la firme de Redmond a répondu de façon hyper réactive à une requête du FBI réalisée dans le cadre de cette terrible affaire.

« Il y a juste deux semaines, en pleine chasse aux suspects impliqués dans l'attaque de Charlie Hebdo, le gouvernement français a demandé à obtenir le contenu de mails de deux comptes clients détenus par Microsoft », a indiqué dans un discours à Bruxelles Brad Smith, l'avocat général de l'éditeur dont Bloomberg s'est fait écho. La firme de Redmond s'est ainsi montrée particulièrement coopérative en répondant à la demande du FBI de faire remonter le contenu des e-mails en question en tout juste 45 minutes.

Une réactivité dont n'a justement pas toujours fait preuve le même Microsoft pour fournir des informations, également liées à des mails et comptes de messagerie, à la justice américaine dans le cadre d'autres affaires comme celle, récente, relative à un trafic de drogue. La firme de Redmond ayant alors à l'époque tenu un discours qui tranche avec la réactivité dont elle a fait preuve pour répondre à la requête du FBI dans l'affaire Charlie Hebdo : « En vertu du 4e amendement de la constitution américaine, les utilisateurs ont le droit de garder leurs communications par courriel privées. Nous avons besoin que notre gouvernement respecte les protections constitutionnelles de vie privée et respecte les règles en matière de vie privée établies par la loi ».

Microsoft en aucun cas prêt à se substituer au législateur

Mais depuis les attentats qui ont marqué la France et leurs répercussions partout dans le monde, des voix politiques se sont élevées pour fendre l'armure de la vie privée au nom des enjeux de sécurité. Notamment celle du Premier Ministre de la Grande-Bretagne, David Cameron, qui a prôné pour un renforcement des pouvoirs des services de sécurité pour s'assurer que les terroristes n'utilisent pas Internet pour communiquer secrètement entre eux.

« Si les membres du gouvernement veulent déplacer le curseur entre sécurité et vie privée, la façon appropriée de le faire est de modifier la loi plutôt que de demander aux acteurs privés comme nous de le déplacer nous-mêmes », a déclaré Brad Smith. Une saillie qui ne va à coup sûr pas manquer de raviver l'éternel débat - et les polémiques - entre ardents défenseurs de la vie privée et militants d'une sécurité sans faille. Car si tout le monde est d'accord pour détecter et empêcher les terroristes d'agir, l'étendue et la puissance des moyens à mettre en oeuvre pour y parvenir est loin de faire l'unanimité.