À partir du 14 juillet, Windows Server 2003, le « vieux » système d'exploitation, ne bénéficiera plus de support technique, c’est-à-dire que les utilisateurs ne recevront plus de correctifs de sécurité et autres mises à jour pour les applications qui tournent encore avec l’OS pour serveur de Microsoft. Windows Server 2003 était sorti le 24 avril 2003, quelques semaines seulement après le début de la seconde guerre d'Irak. Microsoft indique qu’en juillet 2014, il restait encore à peu près 24 millions d'instances Windows Server 2003 en cours d’exécution, mais à la veille de la date fatidique l’éditeur n’a pas communiqué de chiffres plus récents. Selon Mike Schutz, directeur général en charge du marketing de la plate-forme cloud de Microsoft, la bonne nouvelle, c’est que la plupart des clients avec lesquels Microsoft a parlé ont déplacé « la grande majorité » de leurs charges de travail serveur hors de Windows Server 2003. Mais cela signifie toujours qu'il reste quelques récalcitrants qui seront livrés à eux-mêmes pour protéger leurs serveurs, puisqu’ils ne peuvent plus compter sur Microsoft pour recevoir des mises à jour de sécurité pour l’ancien OS.

Sanofi, une société pharmaceutique française qui a ses activités américaines basées dans le New Jersey, fait partie de ces entreprises. Mike Stager, directeur senior Server, Storage and Recovery chez Sanofi, a déclaré dans une interview que l’entreprise cherchait actuellement une solution pour sécuriser la portion de son parc de serveurs tournant toujours sous Windows Server 2003. C’est la première étape dans la transition mise en œuvre par Sanofi pour s’éloigner de l’ancien OS, laquelle prendra « quelques années » à finaliser. Mike Stager précise que l’entreprise a choisi cette option « très tardivement ». C’est la raison pour laquelle il lui faudra autant de temps avant de pouvoir quitter le système d'exploitation serveur de Microsoft. « Sanofi est une très grande entreprise. Elle fait tourner plus de 12 000 serveurs x86, et je peux dire que, à ma connaissance, nous ne sommes pas très différents d’autres grandes entreprises pour lesquelles la gestion du cycle de vie des applications ne semble pas être une forte priorité », a-t-il déclaré. « Comme d’autres, nous avons donné la préférence au déploiement de nouvelles applications. En contrepartie, nous avons perdu la capacité de maintenir le système d'exploitation au meilleur niveau ». C’est ainsi que, à la veille de la fin définitive du support pour Windows Server 2003, un gros pourcentage des systèmes de la société pharmaceutique fonctionne encore sous l’ancien OS. Un point positif cependant, c’est que cette transition aura peu d’impact pour les utilisateurs, ce qui n’avait pas été le cas au moment de la migration imposée par la fin du support de Windows XP.

Moins d'impact pour les utilisateurs que la fin de Windows XP 

« Le grand public ne sera pas affecté par la fin du support de l’OS serveur », a déclaré Al Gillen, vice-président d'IDC, Servers and System Software. Sur le plan IT, Mike Stager a déclaré que chez Sanofi, ces changements au niveau des serveurs auront, au moins à court terme, moins d’impact pour les utilisateurs finaux que si l’entreprise avait dû changer leurs postes de travail et assurer en même temps le fonctionnement de multiples applications sur un nouveau système d'exploitation. Microsoft tente de rendre cette transition aussi facile que possible en mettant sur son site web des ressources qui permettent aux administrateurs d’évaluer leurs options en matière de migration. Le responsable IT de Sanofi a également précisé qu’il pouvait faire appel à plusieurs entreprises partenaires de Microsoft ayant l'expertise de la migration. Dans l’immédiat, celui-ci estime que les entreprises qui n’ont pas préparé de plan de transition ont besoin de savoir comment sécuriser leurs environnements et de se concentrer sur la migration des applications. Ensuite seulement elles pourront abandonner l'ancien système d'exploitation serveur. Par ailleurs, selon lui, les services informatiques doivent faire travailler sans délai leurs développeurs d'applications sur la migration. « Il faut solliciter les développeurs aussi rapidement que possible », a-t-il conseillé. « Il faut les informer au plus vite de ce qui va se passer et pourquoi. Souvent, les développeurs d’applications n’ont pas une vue globale de la situation parce que, dans une grande entreprise, les communications ne sont pas toujours aussi efficaces qu'elles pourraient l'être », a-t-il ajouté.

Une autre option pour les entreprises coincées avec Windows Server 2003 et qui ont un abonnement Premier Support est de contracter un support étendu auprès de Microsoft. Il leur permettra de recevoir des correctifs de sécurité pendant une période limitée. Mais la solution est coûteuse : ces contrats de service étendus ne sont « pas accessibles à toutes les bourses », a déclaré Al Gillen dans un rapport sur la transition. Il cite l’exemple de l'US Navy, qui a payé à Microsoft 9,1 millions de dollars pour prolonger le support de Windows Server 2003, Windows XP, Office 2003 et Exchange 2003. Selon Mike Schutz, « l’abandon de Windows Server 2003 présente un autre avantage : les administrateurs IT peuvent profiter de l’occasion pour quitter SQL Server 2005, dont le support étendu prendra fin le 12 avril 2016. Bon nombre d’instances actuelles de SQL Server 2005 tournent sous Windows Server 2003, il serait donc logique pour les entreprises de faire d’une pierre deux coups ». Quant à Sanofi, Mike Stager dit que l’entreprise va aussi profiter de cette opportunité pour prendre des mesures qui lui permettront de ne pas se retrouver deux fois dans la même situation.