Quelques achats réalisés sur iTunes ont contribué à mettre la main sur le cerveau derrière KickassTorrents, l'un des sites les plus populaires pour le partage de liens torrent. Apple et Facebook ont ​​en effet été parmi les entreprises qui ont transféré des données aux autorités américaines dans le cadre de l’enquête portant sur Artem Vaulin, le propriétaire présumé du service d'annuaire torrent. Agé de 30 ans et d’origine ukrainienne, Artem Vaulin a été arrêté mercredi dernier en Pologne, et les autorités américaines ont saisi sept des domaines du site, qui sont désormais hors ligne.

Depuis des années, KickassTorrents est accusé de permettre le piratage numérique, et les enquêteurs indiquent qu’il était le 69e site le plus visité sur Internet. Cet annuaire en ligne propose un moteur de recherche et une liste de liens torrent pour le téléchargement de films, de musique, de jeux d'ordinateur et d’ebooks. Il ne s’agit que de liens, les fichiers ne sont pas hébergés sur la plate-forme mais partagés entre les utilisateurs et des serveurs dédiés sur le modèle peer-to-peer décentralisé qui a fait le succès de Torrent.

Un compte email Apple a perdu Artem Vaulin 

Le Department of Homeland Security des États-Unis a d'abord découvert des informations sur Artem Vaulin en traçant les adresses IP utilisées pour héberger les domaines KickassTorrents, selon une plainte au pénal de 48 pages. Cela a conduit les enquêteurs vers un fournisseur de services Internet au Canada, qui a remis les données du serveur utilisé aux autorités américaines. Ces informations contenaient de nombreux fichiers, et notamment des emails et des renseignements sur les opérateurs de KickassTorrents.

À un certain moment, les enquêteurs ont remarqué qu’Artem Vaulin avait utilisé un compte de messagerie d'Apple (tirm@me.com) pour faire des achats sur iTunes à partir de deux adresses IP. Ces dernières étaient également utilisées pour accéder à un compte Facebook assurant la promotion de KickassTorrents. Le compte email d’Artem Vaulin fourni par Apple contenait des dizaines de messages mentionnant le site de partage de fichiers, y compris des sujets liés aux opérations et à la maintenance.

Un traquenard en Pologne ?  

Bien que les enquêteurs aient tracés les adresses IP d’Artem Vaulin en Ukraine, la plainte ne mentionne pas comment ils l’ont finalement appréhendé. S’il a été arrêté en Pologne, la question est aujourd’hui de savoir s’il n’a pas été attiré dans ce pays pour tomber dans un piège. La Pologne fait en effet partie de l’Otan et possède des accords d’extraditions avec les États-Unis qui ont formellement accusé Artem Vaulin de violation du droit d'auteur et de blanchiment d'argent.

Selon la plainte, KickassTorrents générait d’importants revenus publicitaires. En moins de six mois, pas moins de 31 millions de dollars ont ainsi transité sur un compte bancaire relié à Artem Vaulin. Pour exécuter secrètement KickassTorrents, l’Ukrainien avait créé dans son pays une société de façade baptisée Cryptoneat, spécialisée sur le papier dans le développement de logiciels. Les employés assuraient l’exploitation du site de partage de liens torrents selon la plainte. Les enquêteurs américains ont également identifié d'autres individus associés à KickassTorrents, mais aucun d'entre eux n’a été cité dans la plainte. Il est possible que Facebook et Apple contribuent de nouveau à l’enquête. Les deux sociétés ont indiqué qu’elles appliqueraient à la lettre les demandes des autorités si elles sont bien conformes à la loi.

Une pétition pour libérer l'Ukrainien 

Ni KickassTorrents ou Cryptoneat n’ont répondu aux demandes de commentaires. Mais dans l'intervalle, un clone du site de partage de liens torrent est déjà réapparu et appelle à la libération d’Artem Vaulin. Un certain Peter Milosh  a lancé une pétition sur Change.org, indiquant que l'arrestation de Vaulin est une attaque contre les droits Internet des utilisateurs. « Notre liberté de partager est un droit de l’homme qu’Artem Vaulin a fourni à des millions d'utilisateurs ». La pétition a reçu à ce jour, 3 878 soutiens.