Les ambitions de Google dans le domaine de la téléphonie mobile n'étaient plus un secret et les rumeurs allaient bon train depuis un moment déjà. L'annonce d'une plateforme, baptisée Android, n'a donc pas vraiment étonné les acteurs du marché. Plus qu'un simple système d'exploitation, Android, du nom de la start-up rachetée par Google en aout 2005, regroupe des outils de développement et des API (interfaces de programmation). Conçue selon le modèle Open Source, Android invite donc les développeurs à venir enrichir le panel d'applications déjà disponibles pour le système d'exploitation de Google. A ce niveau rien de franchement étonnant : Gmail, YouTube, Google Agenda, Google Docs figureront parmi les premières applications disponibles pour Android. Le spécialiste de la publicité en ligne compte appliquer au monde de la mobilité les recettes qui ont fait son succès sur le Web. En d'autres termes, des publicités devraient être insérées dans les applications pour téléphones portables afin de rentabiliser le modèle économique. Les analystes plutôt sceptiques La confirmation de l'intérêt de Google pour le marché de la mobilité bouleverse bien entendu la donne mais elle laisse aussi les analystes du marché assez sceptiques. Le modèle Open Source, tout d'abord, pose certains problèmes en termes de sécurisation de la plateforme et de la confidentialité des données personnelles. Du côté du modèle économique, il n'est pas du tout certain que les utilisateurs apprécient de se voir imposer des publicités avant de pouvoir téléphoner ou de consulter un mail, surtout avec des abonnements facturés au débit ou à la durée. Enfin, Google marche clairement sur les plates-bandes d'éditeurs installés depuis longtemps sur le marché - Symbian et Palm - et de plus récents tels que Microsoft. Or, comme le rappelle IDC, il ne suffit pas d'avoir des ambitions et des moyens pour réussir sur le marché de la mobilité : Microsoft, dont le système est disponible depuis des années et qui a des accords avec 48 fabricants de téléphones portables et 160 opérateurs dans le monde, n'a vendu que 12 millions de téléphones équipés de ses logiciels cette année, dont seulement 10% sont des Smartphones. Création d'une alliance industrielle Avec le lancement d'Android, Google annonce aussi la création d'Open Handset Alliance, organisation qui regroupe des constructeurs de terminaux, fournisseurs de composants et des opérateurs mobiles, prêts à s'investir dans des téléphones équipés d'Android. De grands opérateurs, tels T-Mobile et Sprint aux Etats-Unis, mais également en Chine, au Japon, en Allemagne, en Italie et en Espagne, ont rejoint cette alliance. Mais est-ce le scepticisme affiché par les analystes qui explique l'absence de grands acteurs du marché tels que les deux plus grands opérateurs de téléphonie mobile aux Etats-Unis, AT&T et Verizon, le fabricant Nokia, ou encore Vodafone et Orange en Europe ? Pour l'heure on n'en sait guère plus sur la position de ces acteurs et il faudra attendre le second semestre 2008 pour voir les premiers téléphones basés sur Android destinés au grand public.