L'équipementier chinois, appâté par le marché européen, semble bien décidé à redorer son blason et affirmer ses positions. Cet été, alors qu'un rapport sénatorial préconisait d'interdire tout routeurs coeur de réseau en provenance de Chine sur le sol européen pour une question de sécurité nationale, du côté des États-Unis aussi, on voit les équipement chinois (Huawei et ZTE) d'un mauvais oeil. Résultat, interdiction de participer à l'appel d'offre pour la construction des réseau LTE américains. Faits reprochés: Huawei serait bien trop proche du régime chinois et apporterait son soutien aux plans parfois intrusif d'un gouvernement souvent soupçonné de mené des cyberattaques.

Huawei, prêt à fournir les codes sources de ses logiciels

L'entreprise chinoise tente donc de faire bonne figure grâce notamment à un livre blanc réalisé par John Sufolk, ancien responsable informatiques de plusieurs gouvernement britanniques et récemment intégré aux équipes Huawei pour gérer la notion sécurité de l'équipementier. J.Sufolk affirme dans son ouvrage que la sécurité à 100% est impossible. La solution serait de proposer des systèmes ouverts, transparents et vérifiés. Pour cela, le groupe s'accorde pour une ligne de conduite essentielle. En premier lieu, une mise en avant de l'ouverture et une coopération poussée avec les gouvernements. "Nous sommes prêts à fournir le code source de nos logiciels aux gouvernements ou aux tiers de confiance et nous le faisons déjà en Grande Bretagne", affirme même François Quentin, directeur France de l'entreprise, déterminé à prouver la transparence de la firme qui assure placer la sécurité de ses clients en tête de liste de ses priorités. "Rappelons nous que Huawei est une entreprise privée, qui appartient à ses salariés et qui n'a rien à voir avec le gouvernement chinois ou l'armée. Nous réalisons 70% de notre chiffre d'affaires hors de Chine, nous servons un tiers de la population mondiale, on ne s'exposera donc jamais au risque d'altérer la sécurité de nos clients, à les rendre vulnérables. Nous mettrions tout simplement en danger la pérennité de notre entreprise" affirme-t-il. 

Le rapport Bockel: une vaguelette dans le secteur

Interrogé sur le rapport Bockel, François Quentin fait part de ses impressions: "Ce rapport reprend des allégations qui circulent sur Internet depuis des années, sans apporter la moindre preuve, le moindre élément concret. Il n'y a rien de factuel, c'est de la rumeur. Nous sommes par ailleurs étonnés d'être cités sans avoir été auditionnés. Ce rapport n'apporte rien de neuf et n'a finalement provoqué qu'une vaguelette dans le secteur", clame-t-il. Questionné sur la fiabilité de ses produits, souvent remis en cause durant les derniers mois, Huawei réplique: " Nos produits sont certifiés par des organismes crédibles et indépendants". Une certification délivrée notamment par le centre d'évaluation ouvert en Grande Bretagne et dans lequel coopèrent des responsables gouvernementaux et des employés du groupe. Relancé sur la question des fameuses portes dérobées, François Quentin affirme que la firme s'engage à n'en placer aucune dans ses produits. "Nous aimerions d'ailleurs que les autres constructeurs prennent le même engagement que nous" place-t-il sans toutefois préciser le fond de sa pensée.

13 000 emplois créés sur 10 ans

En tant qu'entreprise multinationale, Huawei s'engage donc à assurer la protection des systèmes de sécurité de ses clients, conformément à ses principes fondamentaux, en favorisant une coopération internationale "nécessaire pour relever ce défi et tendre à de meilleures pratiques en termes de sécurisation des données". Pour F.Quentin, l'investissement de 2 milliards de dollars et le doublement des effectifs au Royaume Uni (de 800 à plus de 1500) est d'ailleurs une preuve de la confiance accordée à l'entreprise. Pourtant, nombre de pays en Europe sont loin d'être convaincus de l'intégrité de Huawei. L'Europe est un marché non négligeable pour la compagnie qui y réalise déjà près de 4 milliards de dollars de chiffre d'affaire et compte investir dans un second centre d'évaluation. Le pays d'accueil de celui-ci reste toutefois inconnu. "Rien n'est encore décidé". Avec près de 140 000 salariés dans le monde, Huawei, qui fournit près d'un tiers de la population globale, compte Orange parmi ses dix premiers clients mondiaux. Il faut dire qu'en 10 ans, la firme aura tout de même créé 13 000 emplois; "7 000 en interne et 6 000 chez des prestataires".

En France toutefois, un tel financement ne semble pas au programme. "Un tel investissement n'a pas été envisagé en France" admet François Quentin. Sur le territoire, Huawei, qui fournit la plupart des opérateurs, emploie malgré tout près de 600 personnes.