A deux jours du référé qui statuera sur la légalité du plan de sauvegarde de l'emploi en cours chez Hummingbird France (voir notre article d'hier sur ce PSE), les salariés se mobilisent pour protester contre la tactique de la section CFDT de l'éditeur. Pour rappel, ce sont 49 emplois (et non 50 comme écrit hier par erreur) sur 81 qui doivent être supprimés à l'issue du PSE. Plusieurs salariés mécontents ont monté une section syndicale et, avec l'aide de la CFDT, alerté l'inspection du travail et attaqué la direction en justice (l'audience aura lieu jeudi). Ces salariés dénoncent la passivité du CE. Ces accusations ont fait bondir la plupart des collaborateurs de l'entreprise. Nous avons pris ainsi connaissance d'un courrier de soutien au CE, signé par plus de 40 salariés (hors les huit membres du CE et les membres de la direction - voir l'encadré ci-dessous). « Pétition téléguidée par la direction », dénonce encore un des salariés luttant contre le PSE. Quoiqu'il en soit, les témoignages affluent à la rédaction, afin d'appuyer le contenu de cette lettre de soutien. « Le CE a accepté de ne pas nommer d'expert-comptable, et obtenu 2,3 mois de salaire par année d'ancienneté au lieu de 1,4, qui était proposé au départ, raconte un salarié. Il y a eu un débat sur égalité et équité. » Ce qui a abouti, explique-t-il, à plafonner les indemnités des gros salaires à 80 000 euros, afin de pouvoir offrir davantage aux licenciés aux émoluments les plus modestes. « C'est pour ces gens-là que le CE s'est battu. » « Ceux qui restent n'ont pas à subir ça » Une collaboratrice de l'entreprise dénonce de même l'avidité des protestataires, qui risque de nuire à la viabilité de la structure. « Il ne s'agit pas de dire que le PSE est très bien, dit-elle, mais d'aller vite, et de penser à la trentaine de personnes qui vont rester. » Un autre salarié : « Je fais partie des gens qui vont partir, mais ceux qui restent n'ont pas à subir ça. » Un autre encore nous écrit : « En effet, il s'agit d'un fait rare : les employés, le CE et la direction sont tous d'accord sur les termes de ce PSE. Les quelques agitateurs boycottent toutes les réunions depuis le début du processus et s'efforcent de pratiquer une politique de la terre brûlée. Les autres avancent dans une perspective positive, participent aux réunions avec les avocats, le cabinet de replacement, etc. » Egalement remonté, un collaborateur revient sur le choix du cabinet de reclassement : « Le fameux "cabinet de reclassement en Poitou Charente" est représenté par la consultante qui a déjà travaillé pour Hummingbird lors d'un précédent licenciement en 2004 et les anciens collaborateurs qui ont eu affaire avec elle étaient très satisfaits de ses prestations. J'ai moi-même assisté à sa présentation et elle semble très bien maîtriser le marché de l'informatique et de plus les personnes ayant critiqué le choix de ce cabinet ne sont même pas venues à la présentation. Personne ne s'était inquiété du professionnalisme de la consultante lors du premier plan mais maintenant que les "syndiqués" sont des personnes à reclasser, c'est une levée de hallebardes. » Quant au constat de carence établi par l'Inspection du Travail, un salarié estime qu'il est le fait d'une présentation erronée des événements : « toutes les réponses ont été apportées par la direction dans le PSE ». Le tribunal de grande instance tranchera jeudi. La direction d'OpenText nous a d'ailleurs fait savoir qu'elle ne s'exprimerait qu'à l'issue de ce référé.