Ce 10 mars marque l'inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale du projet de loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur Internet, dite loi Création et Internet. L'occasion, pour Jacques Attali, de publier un billet de blog qui étrille le texte, présenté comme « un signe de plus d'un pays dont les élites politiques et économiques ne comprennent plus rien à la jeunesse, ni à la technologie, ni à la culture ». Le fondateur de Planet Finance se range ainsi dans la longue liste des opposants au projet de loi, qui rassemble aussi bien les députés de gauche (ainsi que certains de leurs collègues de droite), que les partisans du Libre et les défenseurs des libertés individuelles. Selon Jacques Attali, le texte Création et Internet est aussi absurde que scandaleux. Le chroniqueur dénonce notamment la « surveillance générale de tous les faits et gestes des internautes » qui risque d'être mise en place si la loi est adoptée en l'état. Il fait ici référence à la milice du Web qui, financée par les industries culturelles, scrutera les réseaux d'échanges pour lister les IP des internautes téléchargeant des contenus protégés par le droit d'auteur. De fait, estime l'ancien conseiller de l'Elysée, la loi décriée ne contribuera qu'à protéger « les rentes de situation des entreprises de média » et à « engraisser les majors de la musique et du cinéma, devenues aujourd'hui cyniquement, consciemment, les premiers parasites de la culture ». Si la démonstration de Jacques Attali est moins convaincante lorsqu'elle avance que « plus personne ne télécharge : on regarde ou écoute en streaming », elle n'en demeure pas moins, dans l'ensemble, bien plus probante que tous les arguments déployés par les défenseurs du texte, de Luc Besson à Christine Albanel en passant par Pascal Nègre, « artistes vieillissants et chef d'entreprises bien contents de protéger leurs profits sans rien changer à leurs habitudes ».