Parcourir un centre commercial modélisé comme un jeu 3D, tel est l'objet de la deuxième démonstration. Réalisée en partenariat avec une PME locale (Idées-3Com, implantée à la Haute-Borne, à proximité du centre de recherches de l'Inria), mais aussi avec la contribution de chercheurs de l'Université de Lille et du CNRS, elle explore les usages possibles des nouvelles technologies pour le commerce. « C'est le poste de vente dans quelques années », explique Laurent Grisoni, responsable de l'équipe de recherche réalité virtuelle à l'Inria Lille Nord-Europe. L'image projetée sur un grand écran vient d'une table tactile, qui pourra être manipulée par le commerçant mais aussi par le client. Car à terme, avance Laurent Grisoni, le logiciel sera capable d'évaluer le degré d'habileté de chaque utilisateur par rapport à l'outil et pourra s'y adapter. En plus de la visite virtuelle, il sera aussi possible de procéder à des essayages virtuels, à condition de paramétrer un avatar avec les mensurations du client. Et pourquoi pas d'y associer des étiquettes visuelles (type QRcode) ou sans-fil (tags RFID) sur des objets ou des badges d'identification, afin que le système reconnaisse automatiquement l'objet ou la personne. La troisième démonstration, une simulation de chirurgie oculaire, est celle qui illustre le mieux l'interdisciplinarité qui a donné lieu à sa naissance : sur une table d'opération est couché Bernard, mannequin réaliste, dont les signes vitaux sont suivis sur un écran. Sur un écran à côté, on peut voir son oeil tel que le médecin le voit dans ses lunettes de microchirurgie. Il est donc possible de suivre en direct le travail du scalpel sur l'oeil. « Aujourd'hui, rappelle Stéphane Cotin, responsable d'équipe de recherche à l'Inria Lille - Nord-Europe, les risques sont assez élevés dans les premières phases de l'apprentissage. » L'apprenti-chirurgien doit en effet s'exercer sur de vrais malades, sous la surveillance d'un aîné. C'est risqué, dérangeant pour le patient, et en outre, « cela ne permet pas forcément de se confronter à des pathologies complexes ». L'équipe de l'Inria essaie donc de « modéliser le comportement des organes », de façon à fournir « un modèle virtuel mais très réaliste » pour s'entraîner, apprendre, voire préparer une opération. Objectif : opérer un transfert de connaissances vers la société civile L'Inria a investi environ 300 000 euros dans ce plateau, et dit ne pas attendre particulièrement de retour chiffré. « Pour nous, une recherche réussie est certes publiée dans les meilleures revues, mais elle est aussi, in fine, transférée vers la société », explique Michel Cosnard. « L'Inria sera content si ce partenariat permet à des entreprises de créer plus d'emploi et d'activité », renchérit Bruno Sportisse, directeur du transfert et de l'innovation. Il y a donc fort à parier que ce plateau de démonstration soit dupliqué ; mais rien n'est encore fixé pour l'instant. De même, les démonstrations évolueront au gré de leur maturité et des enjeux identifiés. « Les plus robustes pourraient être exposées dans le hall d'Euratechnologies, indique Max Dauchet. D'autres iront ailleurs, et certaines iront à la cave... » Un grand écran de téléprésence et un tableau blanc interactif donnent d'ailleurs la possibilité de communiquer et prolonger cette visite des technologies avec les autres centres de l'Inria. En maître de cérémonie de l'inauguration, Max Dauchet avait prévenu : « Ce plateau, c'est un peu Stargate : quand la société civile y entre, elle a accès à toutes les technologies de l'Inria, cela abolit les distances et le temps. »