Le décisionnel (ou BI, Business Intelligence) d'aujourd'hui n'a décidément plus rien à voir avec celle d'il y a quelques années. « On est en train de découvrir que le décisionnel suppose une gouvernance des données, de vrais référentiels, et que l'outil, aussi agile qu'il puisse être, est insuffisant en lui-même » a affirmé Renaud Finaz de Villaine, directeur marketing et communication de la SSII Micropole. Il s'exprimait lors d'une réunion de l'association de grandes entreprises EBG le 28 juin 2012.

La BI agile, ou « BI 4.0 » dans le vocabulaire de Renaud Finaz de Villaine, se retrouve donc hantée par le démon de base : la qualité de la donnée traitée. Et pourtant, c'est loin d'être le premier défi auquel on pense avec le décisionnel actuel. La « BI 1.0 », c'est celle de la bonne vieille époque du DOS et du mainframe. La « 2.0 » est apparue avec Windows tandis que la « 3.0 » est celle de la génération Internet puis de la mobilité. La quatrième génération est celle de l'agilité et de la généralisation. Chaque génération a eu ses héros parmi les éditeurs, succédant aux leaders des générations précédentes.

Une BI prise dans un effet ciseaux

D'un côté, la BI doit aujourd'hui faire face à la croissance des volumes de données traitées. On en arrive à la notion de Big Data. D'un autre côté, la fraîcheur des données aussi s'accroît : « dans les années 80, on travaillait sur des données qui pouvaient dater d'un trimestre, contre une quinzaine de secondes aujourd'hui » soupire Renaud Finaz de Villaine. Mais ce n'est pas tout. La BI est également devenue un outil pour tous les métiers de l'entreprise. Il est loin le temps où la DSI construisait lentement des indicateurs répondants aux attentes du seul DAF. Chaque décideur a besoin de ses propres indicateurs, construits par lui-même quand il le désire, et si possible dans un cadre collaboratif transverse entre services ou équipes. A cela s'ajoute l'incompréhension des utilisateurs si le graphique ne s'affiche pas instantanément à peine un clic de souris réalisé. La BI se doit dont d'être performante, poussant ainsi les technologies de type « in memory » (en mémoire vive).

La dérive possible des utilisateurs frustrés, c'est le retour au bon vieux fichier Excel. Prêchant pour sa paroisse, Renaud Finaz de Villaine soutient : « le rôle de l'intégrateur est fondamental pour créer un socle technique solide qui va permettre la BI agile ». Un Excel mal utilisé, c'est la cacophonie assurée. Chacun « créé » sa donnée, avec son vocabulaire et ses propres références voire ses propres formules et tripatouillages peu pertinents. Or, comme l'a signalé ingénument un participant à la conférence de l'EBG, « dans Business Intelligence, il y a intelligence ». Il faut donc que les utilisateurs soient suffisamment formés pour savoir ce qu'ils font comme traitements et ce que l'on peut déduire de tel ou tel. Une dérive de la BI pour tous, c'est l'effet Powerpoint : de beaux graphiques ou de beaux tableaux qui n'ont aucun sens réel.

Excel n'est pas nécessairement le Mal

Malgré tout, Excel n'est pas le Mal. En tant qu'outil bureautique puissant mais simple d'emploi et surtout maîtrisé par les utilisateurs, il permet à chacun d'effectuer des traitements dont il peut avoir besoin, avec agilité. « Un outil décisionnel ne sera jamais choisi s'il est incompatible avec Excel, un tel manque est rédhibitoire » affirme Erwan Simon, responsable planning manager et stratégie commercial et opérationnelle chez Areva. Le spécialiste du nucléaire utilise donc Excel pour que ses décideurs métiers manipulent les données mais la source des données est unique. Et, de l'autre côté, les fichiers Excel sont ensuite consolidés avec un outil standardisé et ainsi retraités dans une BI complète. « Il est impossible, aujourd'hui, de faire de la BI sans Master Data Management » conclut Renaud Finaz de Villaine.