Fontaine, je ne boirai pas de ton eau... La Bibliothèque Nationale de France (BNF) l'avait juré : elle n'aurait jamais recours à Google pour numériser ses ouvrages. Aujourd'hui pourtant, selon nos confrères de la Tribune, c'est bien ce qu'elle s'apprête à faire. Denis Bruckmann, directeur général adjoint et directeur des collections de la BNF, a confié au quotidien qu'il était en négociation avec le numéro un mondial des moteurs de recherche. En 2005, la BNF avait pourtant mis en branle le projet de bibliothèque numérique Europeana, finalement ouverte, non sans difficulté, fin 2008. Mais les coûts de la numérisation de livres souvent rares, précieux et difficiles à manipuler, auront sans doute raison de cette initiative d'irréductibles gaulois. Le budget annuel de 5 millions d'euros de la BNF ne suffira pas, loin de là, à une opération qui devrait représenter plusieurs dizaines, voire centaines de millions d'euros. Mais ce n'est pas tout. Dans le monde, 29 grandes bibliothèques ont déjà fait appel à Google. Et la polémique règne dans nombre de pays où le géant américain est intervenu pour transformer les livres en patrimoine numérique. Pour commencer, l'Américain a bel et bien l'intention de commercialiser les ouvrages une fois numérisés et non de les laisser en accès libre dans le seul but d'offrir la culture à tous. Aux Etats-Unis, des actions collectives en justice (class actions) ont déjà été menées contre Google qui se passe régulièrement de l'autorisation des auteurs (et du versement de droits, par la même occasion) avant de mettre en ligne leurs publications. Depuis, les différentes parties ont trouvé un accord. L'an dernier, la ville de Lyon avait, elle aussi, signé avec Google qui doit numériser le patrimoine de la bibliothèque municipale et verser quelque 60 millions d'euros en échange d'une autorisation de l'exploitation de la copie numérique des ouvrages.