Sur une période de six ans, la Chine a fermé plus de 130 000 cafés Internet illégaux dans le cadre d'une campagne de répression selon un rapport du gouvernement chinois.  Les cafés Internet sont très réglementés par le régime, qui émet et révoque leurs licences. La législation interdit par exemple les cafés Internet aux mineurs de moins de 18 ans, car le contenu du web pourrait mettre en péril leur bien-être. En avril dernier, le ministère de la Culture a publié de nouvelles règles décrétant que les cybercafés seraient fermés s'ils admettaient des mineurs.

Dans des déclarations faites à l'agence officielle Chine Nouvelles, le ministère de la Culture a indiqué qu'il était déterminé à promouvoir l'essor des chaînes de cybercafés et qu'il pénaliserait le développement des cafés internet indépendants.

Contrôler les cybercafés pour mieux contrôler Internet

« Promouvoir les chaînes de cybercafés permet au gouvernement d'augmenter son  contrôle », a déclaré Yu Yi, un analyste basé à Pékin travaillant avec l'institut de recherche Analysys International. « Les chaînes de cafés Internet adhèrent toutes aux mêmes normes sur les services et la sécurité. »

Environ un tiers de la population chinoise utilise ces endroits pour surfer sur Internet. 
Le ministère de la Culture a ainsi indiqué que le nombre d'utilisateurs de cybercafés était de 163 millions en 2010. Au total, 457 millions de personnes utilisent Internet en Chine. Et il y a environ 144 000 cybercafés dans le pays, selon le ministère, et près de 30 % de ces endroits font partie d'une chaine.

La technologie au service de la répression

La Chine a massivement investi dans les systèmes de contrôle de l'information et sur la façon dont les utilisateurs accèdent au web. Les sites aux contenus jugés politiquement trop sensibles sont bloqués ou fermés par les censeurs du régime. Ceci inclut les thèmes liés à la «Révolution de Jasmin», un terme utilisé depuis plusieurs semaines par un groupe d'activistes anonymes qui exhortent le peuple chinois à protester contre le gouvernement. Les autorités ont répondu en bloquant certaines requêtes sur les microblogs ainsi que par l'arrestation de militants chinois et le déploiement de patrouilles de police supplémentaires dans les villes à travers le pays. 

Malgré tous les efforts visant à diminuer le nombre de cafés Internet, le nombre de personnes utilisant ces endroits pour accéder au web a augmenté de 28 millions en 2010, selon le ministère de la Culture. Cette hausse semble être en contradiction avec les fermetures, mais au cours des six dernières années, un grand nombre de cafés Internet légaux sont arrivés sur le marché, selon l'analyste Yu Yi. Le rapport du ministère n'indique pas si certains de ces cafés illégaux ont pu malgré tout rouvrir leurs portes.

Un accès à Internet pour les revenus modestes

Près de la moitié des personnes qui utilisent les cybercafés en Chine sont âgées de 18 à 25 ans, selon Analysys International. 9% de ces utilisateurs sont âgés de moins 
de 18 ans. Dans le même temps, 60%  de ces personnes ont un revenu mensuel inférieur à 3000 yuans (400 euros environ). 

La Chine est aujourd'hui le plus grand marché au monde pour les cybercafés, a déclaré Yu Yi. « Le régime tente de verrouiller ce marché depuis  un certain temps maintenant », ajoute-t-il. La Chine est particulièrement active pour fermer les cafés Internet qui ne respectent pas la réglementation en vigueur, conclut-il.

Crédit photo : D.R.