L'accès au réseau social LinkedIn a été bloqué en Chine, une mesure liée, selon les analystes, aux efforts du gouvernement pour supprimer sur Internet les mentions relatives à la Révolution de Jasmin. Ce vendredi matin, le site de LinkedIn était inacessible depuis Beijing, la tentative d'accès vers le site affichant un message d'erreur, selon notre confrère d'IDG News Service se trouvant sur place. « Cela semble faire partie d'une démarche plus large en Chine en ce moment, qui implique de la même façon d'autres sites », indique Hani Durzy, un porte-parole de LinkedIn.

Le fait de censurer Internet est une pratique assez répandue en Chine. Les contenus et sites web jugés politiquement sensibles sont régulièrement fermés ou bloqués. Mais ces dernières semaines, la censure gouvernementale est devenue plus restrictive à la suite des mouvements de protestations massifs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient qui ont fait tomber les gouvernements tunisiens et égyptiens. L'expression « Révolution de Jasmin » a été utilisée pour qualifier les manifestations pro-démocratiques qui ont commencé en Tunisie en décembre et ont conduit au renversement du régime du président en place, Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier dernier. La contestation s'est ensuite étendue à d'autres pays de la région, en particulier l'Egypte dont le président, Hosni Moubarak, a lui aussi quitté le pouvoir.

Des appels pour que la Chine démarre sa propre « Révolution de Jasmin » ont commencé à circuler sur Internet la semaine dernière. Toutefois, les censeurs du gouvernement chinois ont été prompts à éviter la propagation de ces slogans. Le week-end passé, les mots Révolution et Jasmin ont été bloqués dans les moteurs de recherche des sites de microblogging (offrant un service similaire à Twitter). Les utilisateurs se sont également vu empêchés de publier des informations utilisant ces termes sur des réseaux sociaux chinois comme Renren.com (voir illustration).

La censure des sites étrangers
a dopé les réseaux sociaux chinois

Les mots pourchassés ont commencé à apparaître sur LinkedIn. Un utilisateur se servant du nom « Jasmine Z » a exprimé son opinion sur l'éventualité d'une révolution en Chine, via des posts sur le site. « La personne qui a fait cette tentative, qui qu'elle soit, a pensé que ce serait un bon moyen d'entrer en Chine », constate Bill Bishop, un analyste indépendant qui couvre le marché IT en Chine. Mais le gouvernement a rapidement compris et bloqué le site, souligne-t-il.

Le blocage de LinkedIn pourrait prendre la même voie que d'autres sites américains qui ont rencontré des problèmes avec les censeurs d'Internet en Chine. En 2009, à la suite d'émeutes dans la région de Xinjiang, à l'Ouest de la Chine, les sites Facebook et Twitter avaient été bloqués. Le gouvernement avait également décidé de fermer Internet dans la région pendant plusieurs mois. Les autorités chinoises ont clairement dit qu'elles considéraient que les réseaux sociaux étrangers comme des outils potentiels de subversion, rappelle l'analyste Bill Bishop. « C'est surprenant que LinkedIn n'ait pas été bloqué plus tôt ».

En décidant d'entraver à la fois Facebook et Twitter, le gouvernement a aussi permis aux réseaux sociaux chinois de se développer et de devenir populaires. Le pays compte maintenant plusieurs clones de Twitter et Facebook. N'oublions pas que la Chine totalise le plus grand nombre d'utilisateurs d'Internet, avec 457 millions d'internautes.

Illustration : le réseau social chinois Renren.com