Avant un point sur les armes de la Gendarmerie Nationale pour lutter contre les cybermenaces, nous vous proposons de découvrir les projets numériques qui vont permettre d'aider les gendarmes à mieux assurer leurs missions au quotidien. Une semaine avant le FIC qui va se dérouler à Lille les 24 et 25 janvier, la Gendarmerie Nationale a ainsi convié la presse mardi 17 janvier à découvrir les dernières avancées, pratiques et usages des technologies dans le cadre de ses différents métiers. « Nous avons la conviction que les entreprises qui ne s'adaptent pas à la transformation numérique seront mortelles », a lancé d'entrée Marc Watin Augouard, général d’armée et fondateur du FIC.

Pour la Gendarmerie, l'un des axes forts de sa transformation numérique passe assurément par la mobilité. Après avoir déployé 1 000 smartphones en 2015 puis 10 000 en 2016, l'objectif est d'atteindre 60 000 gendarmes équipés d'ici la fin de cette année. Un objectif qui va permettre de donner un accès en mobilité aux applications métiers comprenant la recherche dans les fichiers des personnes recherchées et des permis de conduire. Ce sera également un moyen de faciliter un futur dépôt de plainte. D'un point de vue technique, la Gendarmerie Nationale garantit une sécurisation optimale de ses terminaux mobiles, avec un OS optimisé dérivé d'Android. Preuve que la mobilité est devenue une priorité : le nombre de smartphones et tablettes va dépasser cette année le nombre d'équipements fixes.

depot de plainte

Le système Neogend est désormais adapté pour les situations de mobilité et permet notamment à un gendarme en situation sur le terrain de pré-remplir un formulaire de dépôt de plainte. (crédit : Dominique Filippone)

Des documents uploadés dans un cloud privé et partagés en brigade

La gendarmerie compte ainsi sur la mobilité et le numérique pour faciliter ses contrôles de personnes, comme on a pu s'en rendre compte dans un cas scénarisé organisé pour la presse au siège de la direction générale de la Gendarmerie Nationale à Issy-Les-Moulineaux mardi matin. Dans cette mise en scène, faisant intervenir un conducteur arrêté alors qu'il roulait avec une fenêtre arrière brisée, le gendarme procède à la vérification de ses papiers. Après s'être authentifié sur le réseau Neogend, ce dernier peut alors vérifier par simple scan des documents sur smartphone que ni la carte grise, ni le véhicule ne sont volés, mais également que le papier d'identité (ici un passeport) est bien un vrai document. Mais ce n'est pas tout puisque le gendarme va également pouvoir prendre en photo la vitre brisée et la charger dans le cloud privé de la Gendarmerie hébergé dans ses locaux de Rosny, afin que le gendarme de la brigade dans laquelle se rendra la personne interpellée - pour porter plainte suite au bris de sa vitre - puisse pré-rédiger cette plainte. Du temps gagné à la fois pour la Gendarmerie mais également pour la victime, sachant qu'avec ce dispositif, la gendarmerie pourra également vérifier que le conducteur fait bien réparer sa vitre brisée le soir même dans un garage dont il a précisé les coordonnées, comme il s'est engagé à le faire devant les forces de l'ordre. Il n'y pas seulement des photos qui peuvent être uploadées dans le cloud par le gendarme depuis son smartphone, mais également des vidéos, des sons et également des coordonnées de géolocalisation.

Le budget consacré par la Gendarmerie Nationale au numérique et à la mobilité s'élève à 20 millions d'euros par an. Dans les mois qui viennent, une généralisation de la flotte de smartphones et tablettes (loués) va être effectuée, après un déploiement jusqu'alors limité au Nord et à la Bourgogne. Pour les smartphones, c'est Samsung qui a été choisi comme terminal alors que pour les tablettes, c'est Sony qui a eu les faveurs de la Gendarmerie. Au niveau de l'OS, c'est une version sécurisée d'Android, en l'occurrence SecDroid, qui a été choisie pour équiper les nouveaux mobiles. Sur Neogend, les gendarmes ont la possibilité d'accéder à plusieurs socles applicatifs comprenant l'interrogation de bases, des services RH, la gestion des services (patrouilles...) ou encore la rédaction de procédures.

Un scanner laser numérise en 3D les scènes de crime ou d'accident

Outre les terminaux type smartphones et tablettes, la Gendarmerie Nationale recourt également à d'autres outils mobiles parmi lesquels un scanner laser monté sur trépied permettant de capter et numériser en 3D une scène de crime ou d'accident. La gendarmerie en possède pour l'instant deux - de marque Faro au coût unitaire dépassant 40 000 euros - en service depuis 2006 et envisage d'en acquérir un troisième prochainement.

Faro

Le scanner laser Faro utilisé par la Gendarmerie Nationale permet de capter et numériser en 3D une scène de crime ou d'accident pour permettre à des enquêteurs d'y accéder a posteriori. (crédit : Dominique Filippone)

« La double rotation du faisceau laser permet de prendre tous les détails d'une scène de crime ou d'accident comme des corps, des véhicules ou des étuis », a expliqué Christophe Lambert, chef d'esquadron à la Gendarmerie Nationale. D'une portée théorique de 130 mètres (en usage réel, la gendarmerie l'utilise sur une quinzaine de mètres), le scanner laser n'est pourtant jamais utilisé à une telle distance car cela se répercute directement sur le temps de scan et de numérisation de la scène. Le choix est alors fait de baisser la qualité d'acquisition, qui demeure tout de même très précise, afin qu'un scan couleur ne dépasse pas 5mn et 2mn pour un scan en noir et blanc. « Par rapport à une caméra 360 degrés classique qui reproduit un modèle 3D sur un point de vue, le scanner laser permet de prendre la vue de dessus et de se balader dans la scène », a précisé Christophe Lambert.

Avec le scan laser 3D, la Gendarmerie dispose d'un moyen efficace pour figer une scène (corps, véhicules...) tout en ayant des distances très précises des différents éléments la composant, afin de permettre aux enquêteurs de l'étudier a posteriori dans ses moindres détails. A noter que des rendus 3D de scènes ont été adaptés pour une visualisation par casque de réalité virtuelle (Samsung Gear) pour permettre une immersion encore plus profonde.

Scanner laser Faro

Exemple de rendu 3D d'une scène numérisée par le scanner laser Faro. (crédit : Dominique Filippone)

Parmi les derniers usages où le scanner laser a servi, on trouve le terrible attentat de Nice sur la Promenade des anglais le 14 juillet dernier ou encore le carambolage dramatique de La Roche-sur-Yon (Vendée) de décembre qui s'est étalé sur 250 mètres et a impliqué 32 véhicules et pour lequel 80 scans 3D ont été effectués.