Et si les barrages que les lois Hadopi et Loppsi voulaient ériger sur les autoroutes de l'information n'aboutissaient qu'à renforcer les réseaux criminels, à l'instar de ce qui s'est passé pour la prohibition ? Tel est le point de vue que défend Fabrice Epelboin, entrepreneur, blogueur et désormais voix française de ReadWriteWeb, dans une étude d'une trentaine de pages. Rédigé dans un langage très compréhensible, bien qu'abordant des sujets techniques, le document s'appuie sur la confession d'un technicien ayant oeuvré dans et pour les réseaux pédophiles. En effet, après Hadopi censé défendre le droit d'auteur, mais qui est en retard d'un métro sur les technologies, Loppsi est censée mettre un frein, sinon un terme, à la pédopornographie sur Internet. Or, Fabrice Epelboin décrit minutieusement comment les distributeurs de contenu pédophile se sont déjà organisés pour échapper à toute menace de ce type. Les moins compétents techniquement se feront sans doute prendre, ce qui pourrait légitimer la loi aux yeux des politiques et des médias, mais le noeud du problème restera. Car le véritable problème, soutient l'auteur, est celui de l'argent. Ceux qui distribuent ce contenu illégal ne le font pas par idéologie (nauséabonde), mais parce que cela rapporte de l'argent, et que des banques acceptent de fermer les yeux sur les transactions en ligne effectuées dans ce cadre. S'attaquer au circuit financier serait dès lors plus profitable. Et cela éviterait peut-être que des adolescents cherchant à contourner Hadopi ne se retrouvent sur des serveurs mafieux tenus par des réseaux pédophiles...