Les individus qui portent des gadgets connectés sur leur corps pourraient bien devenir des réseaux à part entière. Des chercheurs de l'Université de San Diego en Californie ont trouvé en effet un moyen pour permettre à des accessoires et vêtements connectés (wearables) de communiquer au travers d'un corps humain plutôt que dans l'air autour de lui. Des travaux qui ne sont pas sans faire penser au projet un peu fou des entreprises installées dans l'immeuble Epicenter en Suède dont certains salariés se sont fait greffer des puces RFID sous la peau.

La prolifération des smartphones, smartwatchs, terminaux de suivi de santé et autres objets connectés, utilisent jusqu'à présent des technologies de transmission de type ondes cellulaires, WiFi ou Bluetooth. Mais les technologies radio comme le Bluetooth ne peuvent pas bien passer au travers du corps lui-même, son signal devant le contourner. Les signaux Bluetooth peuvent parcourir jusqu'à 10 mètres ce qui accroît les possibilités d'écoute, de dispersion et d'afaiblissement de signal.

Un système fonctionnant sur des fréquences entre 10 et 30 Mhz

Une équipe, dirigée par le professeur Patrick Mercier du Department of Electrical and Computer Engineering de l'Université de San Diego, a découvert un moyen d'utiliser le corps en tant que support pour la transmission de données, utilisant les champs magnétiques et montre une dispersion et un affaiblissement de signal 10 millions de fois plus faible que ce qui se passe avec le Bluetooth. Les réseaux magnétiques pourraient donc être bien plus efficaces, permettant aux terminaux d'avoir moins de difficulté à communiquer, d'abaisser leur consommation énergétique et d'avoir des batteries plus petites.

Ce système fonctionne comme le NFC, avec des gammes de fréquence très faibles comprises entre 10 et 30Mhz, capable de transporter des données à 1 Mbit/s ce qui suffit pour des terminaux dédiés tel que des capteurs. Le prototype réseau mis au point a été installé sur le corps de Jiwoong Park, un doctorant au laboratoire dirigé par le professeur Mercier. Il utilise des bobines de fil de cuivre isolé enroulées autour de chacun de ses bras. Les bobines ont envoyé des signaux magnétiques d'un bras à l'autre en utilisant son corps comme un guide.

Concernant la dangerosité de ce système utilisant le corps comme conducteur de données, les chercheurs estiment qu'elle est sans danger parce que les champs magnétiques utilisés sont très faibles. Bien plus faibles que ceux utilisés par des machines à imagerie par raisonnance magnétique ou même l'effet magnétique de la Terre sur le corps.