L'un des objectifs du récent gouvernement allemand est de développer l'Open Source. D'après l'accord signé en début de semaine, son but est de maintenir les technologies de base, ce qui inclut la sécurité informatique, les logiciels d'entreprise et de gestion de processus, le chiffrement et la communication machine-to-machine basés sur des plateformes propriétaires en Allemagne ou en Europe, tout en promouvant le développement d'alternatives Open Source. La coalition formée par le CDU, le CSU et le SPD demande d'ailleurs aux institutions publiques de penser aux logiciels libres lors d'un prochain renouvellement de leurs systèmes.

Le gouvernement compte également rayonner au niveau international avec un label « Software made in Germany ». Il veut en faire un gage de qualité en matière de sécurité, de protection des données, de conception et de facilité d'utilisation.

Un accord critiqué à plusieurs niveaux

« C'est beaucoup mieux que l'accord de la précédente coalition », a déclaré Mathias Krishner, le vice-président de la Free Software Fondation Europe (FSFE). S'il note qu'il y a de bonnes intentions dans la démarche engagée par le gouvernement, il souligne également quelques occasions manquées. Il lui reproche par exemple de simplement conseiller l'adoption de logiciels libres aux institutions publiques plutôt que d'en faire une priorité. Il met en cause une formulation trop prudente de l'accord. La FSFE regrette également qu'une mesure prévoyant l'ouverture des formats de fichiers ait disparu de l'accord final. Elle a été remplacée par le simple concept d'interopérabilité. Mathias Krishner demande maintenant à la coalition de passer des paroles aux actes concrets. « La question est : à quel point va-t-elle s'investir dans cette démarche ? », déclare-t-il.

La Business Software Alliance, le principal syndicat des éditeurs de logiciels, se félicite de l'accent mis par le gouvernement sur l'innovation. « Toutefois, si les préférences d'achats et les certifications se fondent sur l'origine géographique des logiciels, cela créera une barrière pour le commerce, le développement, l'investissement et la croissance économique », a déclaré Thomas Boué, le directeur des relations avec les gouvernements de la zone EMEA. Il note l'importance de faire jouer la concurrence pour offrir aux clients les meilleures solutions possibles.  « Le gouvernement devrait montrer l'exemple et choisir les logiciels en fonction de leur qualité et non du pays où ils ont été développés », a-t-il ajouté.

Un renforcement de la lutte contre le cyber-espionnage

L'accord comprend également toute une rubrique sur la sécurité  baptisée « conséquences de l'affaire NSA ». La coalition gouvernementale y prévoit d'obtenir plus d'explications sur les tenants et les aboutissants du scandale Prism. Elle compte signer un accord avec le gouvernement américain pour protéger les Allemands contre l'espionnage.

L'exécutif allemand souhaite également que les infrastructures de communication deviennent plus sûres. Il compte pousser les opérateurs à chiffrer les communications au sein de l'Union Européenne mais aussi faire en sorte qu'ils n'aient plus le droit de communiquer des informations à des services de renseignement étrangers.

La coalition va plaider pour la mise en place d'une règle européenne obligeant les entreprises à rendre des rapports sur les données de leurs clients qu'elles livrent aux pays tiers sans leur autorisation. En outre, elle fera pression pour que les accords americano-européens de lutte contre le terrorisme (Terrorist Finance Tracking Program) et de protection des données (Safe Harbour) soient renégociés.