Les cybermenaces sont prises très au sérieux au plus haut sommet de l'Etat. Afin de contrecarrer les actions de piratage et de destabilisation numérique visant la France, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé le mois dernier la création d'un commandement cyberdéfense allié au déploiement de 2 600 militaires spécialisés épaulés d'ici 2019 par 4 400 réservistes en cybersécurité. A l'occasion d'une interview à notre confrère du Journal du Dimanche, le ministre a d'ailleurs eu l'occasion de revenir sur le nombre de cyberattaques qui ont visé l'Hexagone.

« Les tentatives d'agression informatique sur mon ministère doublent chaque année. En 2016, 24 000 attaques externes ont été bloquées par nos dispositifs de sécurité. Parmi celles-ci, quelques centaines, plutôt élaborées, avaient de véritables intentions de nuire », a indiqué Jean-Yves Le Drian. « Nous avons relevé par exemple des tentatives d'atteinte à l'image du ministère, des attaques menées à des fins stratégiques (harcèlement, repérage, espionnage) et même des tentatives de perturbation de nos systèmes de drones. »

Les élections présidentielles françaises sous surveillance 

Alors que l'affaire des emails piratés ont destabilisé la campagne de la candidate démocrate Hillary Clinton pour les élections américaines de 2016, la France reste sur le qui-vive pour éviter qu'une opération de même nature survienne à quelques semaines du scrutin. « Les analyses effectuées par ­l'Anssi n'ont pas permis à ce jour d'identifier des indices d'opérations de déstabilisation ciblant les élections en France. Il ne peut cependant être exclu que des opérations de même nature que celles observées aux États-Unis cherchent à perturber le processus électoral français », a prévenu Jean-Yves Le Drian. « J'appelle donc chacun à la plus grande vigilance. C'est pour cela que les responsables des principaux mouvements politiques ont été reçus au mois d'octobre par l'Anssi. Des marqueurs techniques permettant de détecter les groupes d'attaquants les plus redoutés leur ont été remis et les bonnes pratiques à respecter leur ont été présentées dans le ­détail. »