Le PDG de Google, Eric Schmidt, admet son inquiétude quant à l'excès d'informations partagées sur Internet et prédit qu'un jour les individus devront aller jusqu'à changer leur nom et se réinventer une identité pour fuir leur passé numérique. Ce point de vue pourrait paraître extrême, mais les réseaux sociaux, de par leur expansion, poussent à la redéfinition des concepts de confidentialité et d'identité. Les avantages de l'évolution du web et du réseautage social sont pourtant nombreux : Facebook et Twitter ont rendu possible à leurs utilisateurs des retrouvailles avec amis et familles. Ils leur ont fourni une plateforme de partage d'informations. L'aspect « temps-réel » des mises à jour de statuts ont aussi transformé les usages et le mode d'accès aux actualités. Néanmoins, ces réseaux peuvent aussi être un bon moyen pour ruiner une réputation et se mettre dans d'inconfortables et durables situations. Dès qu'un élément est mis en ligne, il est partagé en l'espace de quelques secondes tout autour de la planète et est accessible potentiellement pendant des dizaines d'années.

Risques pour la vie professionnelle...

Il n'est pas rare de partager les informations des comptes de réseaux sociaux sur lesquels ont est inscrits dans des candidatures à des offres d'emplois. Les employeurs peuvent vouloir vérifier les profils Facebook et l'historique des tweets sur Twitter pour évaluer la personnalité des candidats. La façon de se comporter sur Internet offre alors un aperçu brut et sans trop d'artifice de qui est réellement l'individu. Cela peut-être bien plus efficace que les batteries de tests psychologiques utilisés depuis des années. Ces réseaux peuvent aussi être utilisés pour la situation inverse au recrutement. La liste des personnes licenciées à cause d'un statut Facebook ou d'un tweet ne cesse en effet de s'allonger. C'est toujours une bien mauvaise initiative que de malmener son patron, se plaindre de son futur emploi, ou de se vendre en postant des photos de la plage pendant un congé maladie sur ces plateformes.

Les banques aussi, avant d'accorder un prêt, se basent parfois sur le réseau de connaissance de l'utilisateur du réseau social, et vérifient les données bancaires de ses membres, si tant est qu'ils aient déjà eu recours au même organisme, pour s'assurer de la solvabilité potentielle du demandeur. Elles utilisent des services comme Rapleaf pour scanner ces réseaux et déterminer le risque encouru à prêter de l'argent à cette personne en fonction de ses relations.

...et pour la vie personnelle

Il paraît par ailleurs évident que les conjoints sont amis sur Facebook et sont followers de l'un et de l'autre sur Twitter. Tout partager pourrait paraître une bonne idée jusqu'à ce que cela ne le soit plus. Si la relation se termine, il faut supprimer l'ex de la liste d'amis et faire attention à ce qui est mis en statuts ou en tweets. Un article du Time Magazine raconte que « les avocats adorent ces sites qui peuvent s'avérer être de véritables mines d'or. Est-ce que la petite amie de votre ex-mari a tweeté sur l'obtention de bijoux ? Le tribunal pourrait voir cela comme des actifs maritaux étant cédés à un tiers. Est-ce que votre femme a déclaré être incapable de trouver un emploi ? Votre avocat devrait demander pourquoi elle procède à des entretiens d'embauche sur LinkedIn ».

Internet n'oublie rien. Il a une capacité quasi infinie d'archivage des données qui peuvent être parcourues en quelques secondes grâce à des moteurs de recherche. Les critiques d'Eric Schmidt interviennent d'ailleurs paradoxalement à une période où l'entreprise accumule les éléments constitutifs d'un futur réseau social maison, Google Me, sensé faire de l'ombre à Facebook.

Illustration : Eric Schmidt
Crédit Photo : D.R.