Divulgué en avril dernier, le projet d'acquisition de Doubleclick (une société spécialisée dans la régie de la publicité en ligne) par Google fera finalement l'objet d'une enquête de la part de la Commission européenne. Ce rachat, dont le montant s'élève à 3,1 Md$, avait été approuvé par les services de la concurrence australiens et brésiliens, mais les autorités européennes se montrent plus réservées. Bruxelles s'est donné pour mission de déterminer si cette fusion « pourrait donner lieu à des pratiques restrictives et anticoncurrentielles vis-à-vis des acteurs présents sur ces marchés, et de ce fait, porter préjudice aux consommateurs ». L'avis définitif de la Commission européenne sera communiqué le 2 avril prochain, au terme d'une étude approfondie de 90 jours. Si « la décision d'ouvrir une enquête ne préjuge pas de son résultat », comme le rappelle le communiqué, l'initiative de Bruxelles souligne une fois de plus à quel point la publicité en ligne est devenu un enjeu concurrentiel stratégique pour la plupart des éditeurs et moteurs de recherche. Du côté des concurrents de Google, ce projet de rachat avait suscité beaucoup d'effervescence dès son annonce. Microsoft, qui briguait la même opération, arguait par exemple que cette fusion « ferait de Google le canal dominant pour toute forme de publicité en ligne ». Pour rappel, Google détient déjà 32% du marché de la publicité en ligne. Scott Cleland, président de Netcompetition.org et représentant de fournisseurs d'accès estimait pour sa part que ce rapprochement entraînerait « une concentration sur le marché, ne laissant plus vraiment de choix aux annonceurs en ligne ». C'est donc sans surprise que Yahoo, l'un des concurrents de Google, s'est déclaré satisfait de la décision de la Commission européenne. De son côté, le PDG de Google, Eric Schmidt, s'est déclaré « déçu » par cette enquête, craignant qu'elle n'engendre des retards qui désavantagerait Google dans la course aux acquisitions sur le marché de la publicité en ligne, notamment vis-à-vis de Microsoft, Yahoo, ou encore AOL, dont les opérations ont déjà été entérinées.