Au Japon, la plupart des sites web sont opérationnels et Internet reste disponible pour supporter les fonctions de communication essentielles. C'est ce qu'a déclaré ce week-end  James Cowie, directeur technique de Renesys, une société britannique spécialisée dans la veille et l'analyse des données de routage sur Internet. Au lendemain des tremblements de terre qui ont frappé les côtes japonaises, environ 100 des 6 000 préfixes réseaux du Japon  ont été retirés du service. Mais ils ont commencé à réapparaître sur les tables de routage quelques heures plus tard. De même, le trafic à destination et en provenance du Japon a chuté de près de 25 gigabits par seconde, juste après le séisme de vendredi dernier, mais il serait revenu à la normale quelques heures plus tard. 

Selon Renesys, le trafic lié aux services de communication sur Internet JPNAP (Japan Network Access Point), Layer 2 n'aurait, en outre, ralenti que de 10% seulement depuis le jour du séisme. « Pourquoi n'avons-nous pas vu davantage d'impacts sur le réseau à l'échelle internationale à partir de ce tremblement de terre incroyablement dévastateur ? », s'est alors interrogé le directeur technique de Renesys. « Nous ne le savons pas encore. » En effet, le séisme a donné lieu un nombre inconnu de personnes tuées et  des villes entières ont été dévastées par l'une des pires catastrophes jamais vues depuis un siècle. Les impacts, tant en termes de pertes humaines que de dégâts économiques devraient être énormes.

Evacuation de Pacific Crossing à Ajigaura

Le séisme a également perturbé les approvisionnements en électricité et frappé deux centrales nucléaires. D'après James Cowie, si la connexion Internet est restée relativement épargnée au Japon, c'est en raison de la résistance des câbles sous marins, Celui-ci a fait la comparaison avec TaIwan, où, en 2006, un tremblement de terre avait provoqué la cassure d'un  grand nombre de câbles. Cette fois-ci, les cassures n'ont frappé que deux segments du système de câbles sous-marin EAC PacNet, a précisé James Cowie. Détenu par un consortium de six entreprises, ce dispositif a été conçu pour fournir une capacité de 1,92 térabits par seconde à travers le Pacifique. Les ruptures des câbles ont entraîné des pannes dans plusieurs réseaux au Japon, aux Philippines et également à Hong Kong.

Une partie des câbles sous-marins mis en place par la société Pacific Crossing et reliant les États-Unis vers l'Asie semblent également avoir été endommagés. A Ajigaura, au Japon, le site de Pacific Crossing a dû être évacué suite au tsunami  Une note publiée ce matin sur le portail web de l'entreprise indiquait que deux câbles étaient actuellement hors service, sans fournir d'informations sur le temps que prendra leur restauration. Renesys fait également remarquer qu'en cas de problèmes persistants, on pourrait s'attendre à d'autres incidents au cours des semaines à venir.

Malgré cela, il est clair que la connexion Internet a survécu à cet événement mieux que quiconque aurait pu s'y attendre, a estimé James  Cowie. Il a ajouté que les efforts du Japon pour construire un web solide en terme de connectivité locale et internationale avaient porté leurs fruits. Selon lui, à ce stade, il semble que le travail des japonais a permis au Net de faire ce qu'il fait le mieux, en parvenant à faire son chemin parmi des dommages catastrophiques avec des paquets de données qui circulent en dépit du chaos et d'une terrible incertitude.