Les bots n'ont pas fini de faire parler d'eux. Se multipliant comme les petits pains, les faux profils d'utilisateurs de réseaux sociaux - comprendre par là ceux qui ne sont pas contrôlés par des humains mais générés en masse et mus grâce à des algorithmes et de l'apprentissage machine - jouent un rôle important dans le cadre de campagnes de désinformation. D'après une étude menée par le chercheur Emilio Ferrara de l'Institut des sciences de l'information de l'Université de Californie du Sud, pour laquelle pas moins de 17 millions de posts Twitter ont été analysés - les bots sociaux pro-Trump très actifs lors de la campagne présidentielle américaine en novembre dernier, ont été recyclés quelques mois plus tard dans le cadre de la vaste opération de désinformation liée à l'affaire des Macron Leaks.

Timeline

Volume de tweets générés chaque minute entre le 27 avril et le 7 mai 2017 associés aux Macron Leaks versus des discussions relatives à une élection standard. (crédit : D.R.)

D'après cette étude, sur les 99 378 utilisateurs impliqués dans la campagne de désinformation liée aux Macron Leaks, 18 324 ont été identifiés comme étant des bots sociaux. Par ailleurs, le terme MAGA - pour Make America Great Again - le mantra de Donald Trump, arrive en tête des termes les plus cités par les utilisateurs avec une occurrence de 17 853, suivi par Trump (17 796). « Ces résultats corroborent notre intuition selon laquelle une grosse part de la longue traine suggèrent moins de diversité dans le corpus de tweet ou dans les profils des utilisateurs qui s'y trouvent. Dans le cas des MacronLeaks, cela indique l'émergence de la popularité de mots fortement évocateurs du corpus narratif qui apparaissant de manière prédominante au travers d'un nombre relativement plus important d'utilisateurs se retrouvant dans le cadre d'une discussion générale sur les élections », explique Emilio Ferrara.

Un marché noir des bots de désinformation politique

La présente recherche qui a été publiée par Emilio Ferrara, se base sur la période du 27 avril, jusqu'au jour de l'élection présidentielle française. « En exploitant les combinaisons de techniques d'apprentissage machine et de modélisation du comportement cognitif, nous avons identifiés les humains et les bots sociaux qui ont participé à cette campagne », peut-on lire dans l'étude. « Finalement, nous avons découvert que les comptes utilisés pour supportés le candidat Trump avant la présidentielle américaine 2016, sont redevenus actifs après une période d'inactivité depuis novembre 2016 pour rejoindre la campagne de désinformation des Macron Leaks. De tels usages de patterns anormaux pointent la possible existence d'un marché noir des bots de désinformation politique ».