Jeudi dernier, lors du lancement d'un concours destiné à créer trois instituts de fabrication spécialisés en impression 3D, le président américain a donné plusieurs directions en matière d'usage de la technologie. Le concours, d'une dotation de 200 millions de dollars financée par le gouvernement fédéral, implique 5 administrations fédérales - la Défense, l'Énergie, le Commerce, la NASA et la National Science Foundation. Il s'inscrit lui-même dans un projet d'investissement plus large de 1 milliard de dollars décidé par l'administration Obama en faveur du secteur manufacturier américain «  qui perd des emplois depuis une décennie », comme l'a déclaré dans un communiqué le secrétaire de la Maison-Blanche responsable des relations avec la presse. 

« Les trois instituts, dont le nom sera connu plus tard cette année, seront sélectionnés par les ministères de l'Énergie et de la Défense. Ils fonctionneront comme des pôles régionaux où seront associés la recherche et le développement de produits, l'industrie, les universités et des Community Colleges, c'est-à-dire des établissements plus petits que les universités et proposant des cursus en deux ans », comme l'a encore précisé la Maison-Blanche. L'administration espère que cette collaboration favorisera l'émergence d'une sorte de « machine à produire des savoirs faire », où étudiants et salariés d'entreprises pourraient collaborer pour concevoir, tester et créer de nouveaux produits et de nouveaux procédés de fabrication.

Des imprimantes 3D à partir de 3 300 $

L'impression 3D permet de fabriquer, à partir d'un modèle numérique, des objets solides en trois dimensions pouvant avoir à peu près n'importe quelle forme. La technologie, également connue sous la dénomination de « production additive », « pourrait trouver des applications dans un grand nombre d'industries, y compris la défense, l'aérospatiale, l'automobile et la fabrication des métaux », a encore déclaré l'administration Obama. Le concours concerne trois domaines spécifiques d'application de la technologie, à savoir : la fabrication numérique et l'innovation dans la conception, de nouveaux processus de fabrication de métaux innovants et légers, et l'électronique de puissance de nouvelle génération. Par exemple, dans le domaine de la fabrication des métaux, l'administration Obama précise que « la technologie doit permettre d'accélérer l'expansion du marché des éoliennes, viser à l'amélioration des appareillages médicaux, et celle des moteurs des véhicules blindés de l'armée ».

Les orientations définies par Barack Obama pour les trois centres de fabrication ont été annoncées en février lors de son discours sur l'état de l'Union. « Notre première priorité est de rendre l'Amérique attractive pour de nouvelles industries», avait alors déclaré le président américain. L'an dernier, une subvention fédérale de 30 millions de dollars a déjà permis de lancer un institut pilote à Youngstown, Ohio. Celui-ci regroupe un consortium d'entreprises de fabrication, des universités, des Community Colleges et des associations à but non lucratif réparties le long de la ceinture technologique « Tech Belt »  qui traverse l'Ohio, la Pennsylvanie et l'ouest de la Virginie. « Dans le cadre de ce projet, un vieil entrepôt a été transformé en laboratoire de pointe où des équipes ont appris à maîtriser l'impression 3D. Cette technologie va révolutionner la façon dont nous fabriquons presque tout », avait déclaré le président Obama en février dernier.

Des armes imprimées presque indétectables 

Cependant, le concours arrive à un moment où certains législateurs, préoccupés de voir le processus utilisé pour créer des armes à feu, réclament une supervision plus pointilleuse de la technologie. Defense Distributed, une association américaine pro-armes à feu à but non lucratif, s'est particulièrement distinguée ces derniers temps, en demandant à ce que chacun puisse avoir librement accès, sur Internet, aux plans pour « imprimer » des pistolets 3D. L'association fait le forcing pour pousser dans cette direction : elle a diffusé un guide permettant de fabriquer un pistolet en plastique - « Liberator » -  presque entièrement (à l'exception de la culasse et du percuteur toujours en métal) avec une imprimante 3D.

Depuis, de nombreux législateurs font campagne pour que les armes à feu « 3D » soient interdites. Mardi dernier, Leland Yee, sénateur de l'État de Californie, a annoncé qu'il envisageait de promouvoir une loi pour interdire l'utilisation de la technologie d'impression 3D pour créer des armes intraçables et produites anonymement. En avril, Steve Israel, représentant démocrate de l'État de New York, a présenté une loi dite Undetectable Firearms Modernization Act afin de renouveler l'interdiction sur les armes indétectables et de l'étendre aux pièces détachées. Mais certains experts en droit disent que la notion d'armes « imprimées » n'est pas très claire juridiquement. Dans les directives et les pistes de recherche dévolues aux futurs instituts, l'administration Obama ne mentionne pas le développement de certains types d'armes à feu ou de munitions.