Moins de cinq mois après l'annonce d'Exalytics, Oracle livre son serveur dédié aux applications analytiques. C'est le dernier produit en date dans sa famille d'appliances spécialisées (qui comporte déjà Exadata et Exalogic). Sur le marché, Exalytics va entrer en concurrence avec la solution HANA de SAP. L'une comme l'autre ont recours à une technologie « in-memory » qui porte les données à analyser en mémoire afin d'augmenter les performances de traitement.

C'est seulement en octobre que l'offre Exalytics a été dévoilée par Larry Ellison, sur sa conférence OpenWorld 2011. Le délai avec lequel elle a été mise sur le marché a donc été relativement court. Oracle a également annoncé une mise à jour de sa suite décisionnelle OBIEE (Business Intelligence Foundation Suite), optimisée pour l'appliance Exalytics. Cette dernière utilise OBIEE avec une version de la base de données in-memory TimesTen ajustée pour les traitements analytiques. L'ensemble fonctionne sur une  plateforme matérielle spécialisée incluant un serveur Sun Fire équipé de 1 To de mémoire vive et exploitant des processeurs Xeon E7-4800 d'Intel rassemblant 40 coeurs. La connectivité entre les éléments combine des liaisons Infiniband à 40 Gb/s et Ethernet à 10 Gb/s. Les machines peuvent être chaînées ensemble pour en augmenter la puissance.

A partir de 164 700 dollars sans le logiciel

Exalytics dispose aussi de fonctions de cache in-memory qui permet au fil de l'eau de déterminer quelles informations doivent être gardées en mémoire pour optimiser la performance. Selon Oracle, les tests réalisés (notamment chez les clients) ont montré des applications de reporting et de tableaux de bord fonctionnaient jusqu'à 100 fois plus vite sur Exalytics.

La tarification de l'offre a été communiquée le mois dernier assez discrètement. Dans un document mis à jour le 10 janvier, on pouvait découvrir que le modèle Exalytics In-Memory Machine X2-4 était listé à 135 000 dollars, dans la configuration décrite plus haut, auxquels s'ajoutent 29 700 dollars pour le support annuel et autres coûts. Toutefois, les différents logiciels nécessaires à son fonctionnement augmentent sensiblement son prix. Un expert a confié le mois dernier à nos confrères d'IDG News Service que le prix d'une machine Exalytics complètement équipée devrait sans doute atteindre les 3 millions de dollars, après prise en compte des remises accordées sur le logiciel. 

SAP ne communique pas publiquement de prix pour HANA. Les systèmes sont vendus par différents partenaires assurant la partie matérielle, dans une gamme de configurations incluant l'édition Edge pour les PME annoncé au début de ce mois

Guerre des mots entre Oracle et SAP

Alors qu'Exalytics se focalise sur les applications d'analyse, HANA est également destiné à des traitements transactionnels, en conjonction avec le produit phare de SAP, la Business Suite (ERP et applications périphériques). Malgré tout, la concurrence entre les deux produits risque d'être acharnée, si l'on se réfère à la guerre des mots à laquelle les deux éditeurs se sont déjà livrés.

En octobre déjà, Sanjay Poonen, l'un des responsables de SAP, avait publié une tribune critique sur Exalytics après sa présentation par Larry Ellison. Il y affirmait que l'offre d'Oracle reposait sur une architecture dépassée, trop coûteuse pour ce qu'elle cherchait à réaliser.

La semaine dernière, c'est un responsable d'Oracle qui a posté à son tour un billet de blog vengeur sur HANA. Aussitôt taclé par un tweet de Vishal Sikka, directeur technique de SAP, dénonçant les mensonges et les informations dénaturées qu'il contenait. Le billet de blog d'Oracle a depuis été supprimé.