Il ne faut pas se leurrer, la crise n'épargnera pas le monde de l'Open Source. Toutefois, il s'y trouve beaucoup d'optimistes pour décréter que la crise peut devenir une opportunité - à condition de bien faire les choses. Voilà une partie du message qui a été délivré à l'occasion de Solutions Linux, pendant trois jours d'exposition et de conférences (du 31 mars au 2 avril à Paris, Porte de Versailles). « Il n'y aura pas d'effet Tchernobyl, le nuage de la crise ne s'arrêtera pas aux TIC. » Philippe Montargès, président et co-fondateur d'Alter Way, est intervenu en ouverture de Solutions Linux. Pour lui, comme pour de nombreux acteurs de l'Open Source, pas de doute, de nombreuses entreprises vont se tourner vers le monde du Libre à cause des nouvelles contraintes économiques. Mais c'est à double tranchant, souligne-t-il : « Si les DSI restent dans une logique financière, elles iront voir ailleurs quand cela ira mieux. » Cette opportunité doit donc s'accompagner d'une mutation du secteur, et notamment d'une consolidation - thème cher à Alter Way, constitué justement de plusieurs structures à force d'acquisitions - afin de présenter aux DSI un type d'interlocuteur avec lequel ils ont l'habitude de traiter. « Le danger actuellement, c'est que l'Open Source soit perçu comme une solution low cost » Cette mutation, nous a expliqué Philippe Montargès, permettra d'accompagner le client au travers des arcanes du Libre. Car, « pour beaucoup de DSI, le monde de l'Open Source a un aspect nébuleux », or l'enjeu est de dépasser le strict cadre de la gratuité pour convertir ces nouveaux clients au modèle du Libre. « Il faut qu'on profite de la crise pour faire adhérer les DSI à l'Open Source, sinon les projets qu'ils font pour des raisons économiques ne seront pas convertis. Le danger actuellement, c'est que l'Open Source soit perçu comme une solution low cost, temporaire, ce serait catastrophique. Si l'on compare avec l'industrie automobile, on serait plutôt en train de construire un modèle hybride, d'avenir, qu'un modèle low cost. » Toutefois, la crise pourrait aussi avoir pour effet de réduire la capacité de financement des grands sponsors traditionnels de l'Open Source. Jean-Pierre Laisné, directeur de la stratégie Open Source de Bull et président du consortium OW2, nous a par exemple indiqué être en train de reconsidérer le modèle économique : « Les membres sont prêts à continuer de financer... si tout le monde joue le même jeu. » De même, intervenant sur l'une des conférences, sur le thème des formats et de l'interopérabilité, Sophie Gautier, membre éminent du projet OpenOffice.org désormais employé par Linagora, n'a pas caché être dans la plus totale expectative : nul ne sait ce qui se passera si IBM rachète effectivement Sun, de loin le plus gros contributeur à la suite bureautique libre.