A moins de 100 jours de l'élection présidentielle, Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique a dévoilé 10 propositions pour interpeller les candidats sur les métiers du numérique. Il a indiqué avoir déjà rencontré les conseillers des différents candidats, déclarés ou non, « avec très peu de connaissance de notre secteur, on part globalement de zéro » souligne-t-il. Il y a donc un travail pédagogique à faire. Les différentes propositions du Syntec Numérique s'articule autour de deux axes : Economie et Education d'un côté et les usages de l'autre.

Sur le premier, Guy Mamou-Mani veut créer une filière du numérique en France. « Nous avons un déficit de ressources et nos métiers emploient aussi bien des ingénieurs que des techniciens à bac +2 ». Il ajoute en 2011 « nous avons créé 40 000 postes, soit une création nette de 5 à 10 000 emplois ». La sensibilisation du numérique doit se faire à tous les niveaux et dès les classes primaires, collèges et lycées. Cela passe aussi par la modification des appellations des postes dans la nomenclature de la DARES qui date de 30 ans. Un accent particulier va être mis sur la féminisation des emplois dans l'informatique, les femmes ne représentant que 15% des effectifs des écoles d'ingénieurs.

Un guichet unique d'accès aux aides

Sur le plan de la fiscalité, le Syntec Numérique se prononce comme d'autres organismes professionnels « pour la pérennité du crédit impôt recherche (CIR) » qu'il souhaite sanctuariser. Guy Mamou-Mani soutient le projet de TVA social pour réduire le coût du travail. Il a par ailleurs annoncé qu'il allait remettre sur la table la question de la taxe professionnelle qui a abouti selon lui « à une augmentation de la pression fiscale de 20% pour les entreprises du secteur du numérique ». Le Syntec Numérique propose également la création d'un guichet unique, via un portail, qui centraliserait les aides, les subventions, le dépôt de brevets, etc.

Guy Mamou-Mani prend l'exemple du « département des Hauts-de-Seine où une entreprise numérique peut prétendre à 552 aides différentes. Il faut simplifier l'accès à ces aides. » Le volet social n'est pas oublié, le dirigeant du syndicat prône pour la mise en place d'un bonus/malus sur le respect de certains indicateurs sociaux plutôt que d'être systématiquement taxé. Ainsi sur la place des personnes handicapées dans les secteurs du numérique, Guy Mamou-Mani préfère investir dans « la formation certifiante plutôt qu'être ponctionné de 6% pour ne pas respecter les quotas dans les entreprises ».

Les usages et l'appel à l'union

Sur le deuxième volet, le Syntec Numérique veut développer les usages. La France est bien classée sur la partie infrastructure pour le haut et très haut débit, mais les services sont à la traîne explique le syndicat. « La moitié des PME n'ont pas de site Internet » rappelle Guy Mamou-Mani. Il souhaite donc la mise en place d'un crédit d'impôt numérique pour l'équipement des PME en matière de sites Internet, de CRM, d'ERP, etc... Autre élément, accélérer la modernisation de l'Etat. De bonnes choses ont été réalisées, constate le responsable avec la création de la DISIC, la dématérialisation des factures, la télémédecine, mais selon lui on peut aller plus loin sans nécessairement dépenser plus. « Il s'agit plus d'un problème culturel, que d'un retard dans les investissements », souligne le dirigeant.

Sur l'ensemble des propositions, le Syntec Numérique a promis de publier une synthèse des réponses des candidats avant la date de l'élection. En conclusion, Guy Mamou-Mani a lancé un appel à la création d'une union française des acteurs du numérique, dans le domaine de l'immatériel, pour donner plus de poids et de pression aux arguments du secteur. Il reste maintenant à savoir si cette main tendue trouvera un écho favorable auprès des autres organisations, comme l'Afdel, le CICF informatique, la FIEEC, etc.